Tout près du camp militaire de Rutana, une fosse commune a été confirmée et exhumée par la CVR. Cette fosse commune date du génocide commis contre les Bahutu en 1972. Les témoins oculaires qui ont été auditionnés par la CVR ont dénoncé le nom du Président Micombero pour avoir assisté comment les victimes, avant d’être jetées dans cette fosse commune, étaient maltraitées.
Willy NTAKARUTIMANA
Les gendarmes, les militaires et les militants de la Jeunesse Révolutionnaire Rwagasore JRR ont été cités par nos témoins pour avoir tué les victimes et les avoir jetées dans cette fosse commune. La majorité des victimes étaient des intellectuels et des paysans nantis de cette province. Mais il y’a également des militaires et des gendarmes Bahutu en provenance des autres provinces qui ont été tués et jetés dans cette fosse commune, nous indiquent nos témoins.
Leurs chefs hiérarchiques organisaient une activité sportive vers le chef-lieu de la commune et ils ne retournaient pas dans leurs camps respectifs, en témoigne N.S un habitant du centre de la ville de Rutana qui a également survécu à ces meurtres.
Et pour les autres, une des stratégies adoptées par les criminels, ils remettaient des lettres aux victimes et on leur disait de les emmener au bureau de la commune. Et si du moins, la victime n’était pas maligne et osait ouvrir cette lettre pour lire le contenu de ce message, elle ne rentrerait pas chez elle. C’était son dernier jour car le contenu de cette lettre était celui-ci : « Celui-ci fait aussi partie des « bamenja » » ; en d’autres termes, les traîtres, expliquent nos témoins.
Elles étaient ensuite obligées de se mettre à plat ventre et fusillées avant de les jeter dans la fosse commune. Les personnes chargées de creuser cette fosse commune étaient en grande partie des prisonniers déjà condamnés.
Le président Micombero a été un jour témoin de ces tueries
Il était venu à bord d’un hélicoptère et il a assisté aux gens qui se font tuer et il est resté sans rien dire ni même interdire à ces gens de tuer leurs frères et sœurs, ont déploré nos témoins. Cependant, il y a d’autres victimes qui ont été emmenées à cet endroit dans des camions appelés « Ngeringeri » après avoir déjà été tuées. Il ne restait plus qu’à décharger leurs corps de ces camions et les jeter dans la fosse commune. Ces victimes étaient tuées à la prison centrale de Rutana et les autres au camp de Rutana à l’aide de machettes et de marteaux, affirment encore nos témoins.
Ils se souviennent encore de certaines victimes qui ont été jetées dans cette fosse commune. Il s’agit notamment d’un vieil homme nommé Karimwabo Marcel, de Bizoza Fidèle, d’un certain Karango, d’un certain Kimoye et de bien d’autres victimes.
Cependant, nos témoins déplorent le fait qu’il y ait des victimes qui ont été tuées sous le regard du président Micombero et de nombreuses autres autorités publiques durant toute cette période sans aucune réaction.
Ils considèrent néanmoins que le génocide commis contre les Bahutu du Burundi était bien préparé. Et ceux qui l’avaient organisé n’avaient d’autre intention que d’exterminer les Bahutu du Burundi mais Dieu merci, leur plan n’a pas abouti. A part le génocide de 1972, d’autres crimes contre l’humanité contre les Bahutu, Batutsi et les Batwa ont été commis.