Makamba : Des bandes armées de machettes Mayi-mulele attaquent des familles Batutsi à Vugizo

Makamba : Des bandes armées de machettes Mayi-mulele attaquent des familles Batutsi à Vugizo

Dimanche 30 avril 1972, jour de malheur pour certaines populations Batutsi de la commune de Vugizo. C’était juste une journée après les massacres d’autres Batutsi dans la commune de Rumonge. Les fidèles de l’Église catholique qui s’étaient rendus à la messe à la paroisse de Matryazo ont été les premiers informés du déclenchement du massacre. La première victime était l’administrateur communal de Vugizo, assassiné la veille à Nyanza-lac.

Willy NTAKARUTIMANA

Après la première messe, le chauffeur de Frédéric NIYONIZIGIYE, l’administrateur de Vugizo est le premier à informer les chrétiens du décès de son patron à Nyanza-lac. Cette autorité venait d’une soirée dansante organisée par les hautes autorités du pays dans la commune de Rumonge. Et la voiture VW qu’il conduisait était encore tachée de sang des personnes qui avaient été tuées ce jour-là.

Les responsables de cette attaque meurtrière étaient des personnes de petites tailles baptisées Mulele de l’ex-Zaïre. Et après cette information, les habitants de la commune Vugizo s’attendaient à une telle attaque à partir de ce dimanche. Au centre de Matryazo, sous-colline Kabuye, zone Gishiha, des habitants ont passé la journée dans une panique totale suite à cette information. Makamba était un arrondissement de la province de Bururi à cette époque.

Le centre de santé de Vugizo, siège du bureau communal de Vugizo en 1972 et poste de commandement des Mayi -mulele, centre de carnage des Batutsi

Mais, lundi, les habitants qui attendaient de bestioles, ont été confrontés à des gens qui brûlaient des permanences du parti unique Uprona sur différentes collines de la commune de Vugizo. Nos témoins donnent les exemples des collines Matryazo, Jongwe, Kiyazi, Rurambira, Rutegama, Mutobo-Nyarubano dans la zone de Gishiha. Et dans la zone de Mpinga, ils citent les collines de Nyarubano, Gahandu, Ndoba, Gitaba, Kagege et Murinda. Dans la zone de Vugizo, il y a Rabiro, Mbizi, Gikuzi ainsi que Karonge.

Sur chaque colline, ces personnes appelées Mulele arrêtaient tout homme d’ethnie Mututsi qu’ils rencontraient sur les collines et les emmenaient au centre de santé actuel de Vugizo qui était à l’époque le bureau communal de la commune de Vugizo.

Aucune personne d’ethnie tutsi n’a été tuée sur sa colline de résidence

Toujours selon nos témoins ; la personne qui a été arrêtée pour la première fois est un vieil homme Mututsi du nom de Matunu qui résidait sur la colline de Jongwe. Il était avec 4 autres personnes et toutes ont été tuées au bureau communal. Ces actes ignobles se sont poursuivis jusqu’à vendredi 5 mai. Mais d’autres Batutsi sont allés se réfugier à la paroisse de Matryazo. Il y avait un père blanc d’origine allemande, surnommé « Mankwepa » qui était le curé de la paroisse. C’est lui qui a sauvé les Batutsi de la colère des mulele.

Au moment où certaines sources disent que ces mulele étaient zaïrois, d’autres sources disent plutôt qu’ils étaient Bahutu car ils parlaient bien le kirundi. C’étaient de Bahutu de la région de l’Imbo, nous ont rassuré nos témoins.

Cependant, ces Bahutu avaient changé de vêtements, la majorité portait des herbes de la tête au corps et lors de l’échange, ils utilisaient le slogan swahili « Simba mkali ». C’est-à-dire un méchant lion. Il fallait alors répondre par « Chinja » « abattre » pour assurer la communication.

Après avoir eu l’information jeudi par rapport aux Batutsi qui se sont réfugiés dans la paroisse de Matryazo, ces mulele ont ordonné au curé de ne plus les héberger de peur même d’incendier cette église. Et c’est le dernier jour pour les Batutsi qui n’avaient pas eu de refuges. Il fallut alors quitter cet endroit.

Actuel bureau communal de Vugizo en province de Makamba

Avant d’être tués, les Batutsi devaient être enfermés dans un petit stock du matériel de terrain de la commune. Nos témoins disent que le nombre de Batutsi qui ont été massacrés au bureau de la commune de Vugizo n’est pas encore connu et le sang coulait de temps en temps dans ce petit cachot et dans la cour devant le bureau communal, expliquent nos témoins.

Ce bureau communal était un poste de commandement pour ces mulele. Ce crime contre les Batutsi de Vugizo a duré toute la première semaine du déclenchement du génocide contre les Bahutu au Burundi. Et pour la deuxième semaine, ces mulele ont été attaqués par des militaires à bord d’un hélicoptère. Ceux qui n’ont pas été abattus sont retournés à Imbo.

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