Sous le thème : « Souvenons-nous et prions pour les nôtres, victimes des guerres, dans le but de connaître la vérité vers la réconciliation et avec le soutien de l’Évangile », en date du 12/09/2023, le diocèse de Ngozi a organisé, dans la commune de Ruhororo, une prière en mémoire de ces victimes. Une délégation de la CVR, composée du Vice-président et du Secrétaire de la Commission, a participé à cet événement.
Ces cérémonies ont débuté à 9h25 par une prière dirigée par l’évêque de Ngozi, Mgr Bizimana Georges juste au bord de la rivière Ruvubu séparant les communes Muhanga et Ruhororo. Il a demandé pardon à la place de ceux qui ont tué, a prié pour le repos des âmes de ceux qui ont été tués et a demandé au Seigneur de donner la paix à notre pays. Après cette prière, des fleurs ont été jetées dans la rivière Ruvubu en mémoire de toutes les personnes dont les corps ont été jetés dans cette rivière. Et ensuite, une marche de prière a suivi jusqu’à la succursale de Rusunwe où a eu lieu la messe de circonstance.
S’appuyant sur les Saintes Ecritures tirées du Premier livre des Rois et de l’Évangile selon Saint Matthieu, l’évêque de Ngozi a rappelé le cadre de cette commémoration. Il a ainsi fait savoir que prier pour ceux qui ont été tués lors des différentes crises est l’une des recommandations du synode diocésain de 2009. Et le premier samedi de l’Avent sera désormais consacré à l’organisation d’une prière pour la paix, a-t-il ajouté. Pour lui, la Commission Episcopale Justice et Paix est en train de s’organiser pour qu’il y ait des débats dans lesquels les gens dialogueront sans s’accuser.
Au cours de son homélie, basée sur les Saintes Écritures, celle tirée du Livre des Rois dans laquelle Salomon a demandé à Dieu de lui donner l’intelligence et la sagesse ainsi que celle tirée de l’Évangile selon Saint Mathieu, Mgr Bizimana a aussi cité les grandes étapes évangéliques qui appellent les hommes à une cohabitation pacifique. L’évêque de Ngozi a ensuite invité les chrétiens à ne pas pratiquer la loi du Talion, comme nous le demande l’Évangile selon Saint Matthieu : « Ne faites pas œil pour œil, ni dent pour dent ! Aimez vos ennemis et priez pour ceux qui vous persécutent ».
S’appuyant sur le Livre de Tobi 4 :15, l’évêque de Ngozi a également donné des conseils aux chrétiens afin d’éviter de causer des ennuis à leurs prochains, car personne ne voudrait qu’on lui fasse du mal ! « Jésus nous recommande de faire aux autres ce que nous voudrions qu’ils fassent pour nous », a déclaré Mgr Bizimana en exhortant les gens à se pardonner mutuellement tant qu’ils sont encore en vie et surtout que parmi les victimes, il y a nos parents, nos frères et sœurs.
Prenons l’exemple de Mahatma Ghandi, de Martin Luther King et de Saint Etienne.
L’évêque de Ngozi reconnaît que nous ne pouvons pas oublier ceux qui nous ont fait du mal. Il a rappelé ces trois personnalités qui ont marqué l’histoire de l’humanité en accordant amour et pardon à leurs ennemis pour ne pas céder à la violence. Jésus-Christ lui-même a montré un bon exemple : « Sous la croix, il a pardonné à ses persécuteurs », comme l’a prêché Mgr Bizimana.
Pardonner est un processus parfois difficile. C’est aussi différent de l’oubli. Cela ne nie pas non plus le mal qui a été commis. Pardonner ne signifie pas ne pas demander compensation pour ce qui a été volé ou perdu, a indiqué l’Evêque de Ngozi tout en soulignant qu’on ne peut pas forcer les gens à se pardonner. Il faut plutôt faire un effort car le pardon est un acte personnel, dit-il. Il a terminé son homélie en demandant aux personnes déplacées encore présentes dans les sites de regagner leurs collines d’origine.
Outre les offrandes qui ont été offertes en mémoire de plus de 1.460 personnes victimes de la crise de 1993 déjà identifiées, cette messe a également été marquée par des séances de témoignages. L’exemple étant celui d’un déplacé nommé Charles Nsabimana, un Mututsi de la colline Bucamihigo, originaire de la colline Gitamo, commune Ruhororo.
Lors de la crise de 1993, il avait encore 15 ans. Il a trouvé refuge au Séminaire de Burasira. Il a été accueilli par l’Abbé Salvator Bisengintore, économe et par Mgr Baregensabe Gabriel, Recteur du séminaire de Burasira. Ce séminaire déménageait à Gitega. De nombreux Batutsi y étaient rassemblés et ils étaient appelés à bien vivre avec les Bahutu réfugiés au même endroit. Une femme nommée Générose Ngendakumana, une Muhutukazi qui avait également fui au Séminaire de Burasira, a confirmé les propos de Charles.