Ngozi : Le génocide de 1972 a été planifié depuis 1960 à 1971

Ngozi : Le génocide de 1972 a été planifié depuis 1960 à 1971

Jeudi le 23 février 2023, la Commission Vérité et Réconciliation était au cœur de la retraite des hauts cadres du Ministère de l’Intérieur, du Développement Communautaire et de la Sécurité Publique dans la ville de Ngozi. Les participants ont été informés du travail que la CVR a déjà réalisé lors du mandat précédent (2018-2022), les projets en cours et perspectives d’avenir.

Willy Ntakarutimana

Deux films vidéo montrant les activités que la CVR a menées de 2018 à 2022 et une présentation Power point faite par le Vice-Président de la CVR , Rév. Clément Noé Ninziza ont ponctué la rencontre. Par ailleurs, le Président de la CVR a donné quelques enseignements basés sur 24 piliers qui marquent la bonne gouvernance. La retraite était dirigée par le Ministre de l’Intérieur, du Développement Communautaire et de la Sécurité Publique, Martin Ninteretse.

Dans sa communication, le Vice-Président de la CVR a rappelé que la CVR se concentre largement sur le passé douloureux qu’a connu le Burundi. La Commission a parcouru tout le pays pour recueillir des informations relatives à ce passé et notamment au génocide commis contre les Bahutu en 1972-1973. L’objectif de la collecte de toutes ces informations est de permettre aux Burundais de connaître la véritable histoire que le pays a vécue, a martelé le Rév. Ninziza.

La retraite était dirigée par le Ministre de l’Intérieur, du Développement Communautaire et de la Sécurité Publique, Martin Ninteretse (Au milieu en noir).

Le Vice-Président de la CVR leur a rappelé que, par l’intermédiaire de feu le Commandant Martin Ndayahoze , qui était également Ministre de l’Information sous le régime Micombero, le génocide a été planifié avant d’être exécuté en 1972. Déjà en 1968, soit quatre ans avant le début des massacres, Ndayahoze avait déjà révélé que les Bahutu allaient être massacrés. Il avait même prédit, dans un rapport confidentiel adressé au Président de la République, comment ces massacres seraient organisés.

Pour le Président de la CVR, Amb.Pierre Claver NDAYICARIYE, le génocide de 1972 était planifié depuis 1960. Le pays a commencé à connaître des violations des droits de l’homme depuis l’invasion par les Allemands et les Belges. Les années qui suivirent cette période furent marquées par différents crimes. Le numéro 1 de la CVR cite, entre autres, les violations qui ont été commises depuis l’arrivée des missionnaires au Burundi ; la chute de la monarchie et la première république par le président Micombero.

Amb.Pierre Claver NDAYICARIYE :  » les faits sont têtus. Les archives et enquêtes dont dispose la CVR suffisent à qualifier les crises que le Burundi a connues « 

Le Président de la CVR a souligné que les enquêtes en rapport avec ces crimes viennent de se terminer. La CVR a mené des enquêtes sur la chute de la royauté planifiée en octobre 1965 et qui a entraîné la fuite du Mwami Mwambutsa vers l’Europe via le Zaïre ; l’attaque menée contre son Premier ministre Bihumugani Léopold qui a reçu des balles aux épaules. Celui-ci finit par être évacué en Europe pour des soins de santé.

Le pays est resté sans dirigeants. Seuls restent le capitaine Micombero Michel et Simbananiye Arthémon, respectivement secrétaires d’État à l’Armée et à la Justice. Il ne restait plus qu’à éliminer le Prince Ndizeye afin parachever le coup d’État, quelques mois plus tard.

Des participants assoiffés de connaitre la vérité

La séance de débats et d’échanges était très fructueuse pour les cadres de ministère qui souhaitaient connaître toute la vérité sur les missions de la CVR. Parmi les questions posées figurent la qualification du génocide commis au Burundi de génocide intellectuel ; le programme d’enseignement des crimes que le Burundi a connus en milieu scolaire ; un programme pour montrer ces films vidéo au niveau de toutes les collines afin que nos jeunes d’aujourd’hui aient une lecture commune de l’histoire qu’a connue le pays ainsi que de ses causes profondes ; le programme des séances de réconciliation car il y a encore des gens qui veulent demander pardon, etc.

Des hauts cadres du Ministère de l’Intérieur, du Développement Communautaire et de la Sécurité Publique au cours de la retraite à Ngozi

Le Président de la CVR leur a demandé qu’il n’y ait plus de gens qui nient que le Burundi ait vécu un génocide. Pour lui les faits sont têtus. Les archives et enquêtes dont dispose la CVR suffisent à qualifier les crises que le Burundi a connues. L’Amb. Pierre Claver Ndayicariye a lancé un appel vibrant à ces cadres pour qu’ils contribuent à faire connaître la mission de la CVR auprès de leurs subordonnés et voisins dans ce processus de recherche de la vérité au service de la réconciliation.

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