Mardi le 07 mars 2023, la Commission Vérité et Réconciliation a tenu un café de presse dans la ville de Bujumbura pour informer la presse burundaise et étrangère de sa prochaine phase dans la recherche de la vérité sur le génocide contre les Bahutu en 1972 -1973. C’est la phase des audiences publiques. L’attention de certains journalistes, qui contribuent positivement au travail de la CVR, s’est focalisée sur des précisions importantes. La CVR les rassure.
Considérant votre contribution depuis le début de notre mission, la CVR a voulu vous informer davantage sur la phase des audiences publiques qui va bientôt commencer, a expliqué l’Amb. Pierre Claver NDAYICARIYE aux hommes et femmes de médias présents au café de presse.
Dans le mot liminaire, le Président de la CVR leur a dit que ces audiences vont commencer bientôt (mars 2023) et que l’audience pilote se déroulera dans l’une des communes de la province de Ruyigi.
Les raisons ne sont autres que Ruyigi est l’une des provinces qui n’ont pas été sévèrement touchées par les violences cycliques que le Burundi a déjà connues.
Et en plus de cela, cette dernière comprend un grand nombre de témoins (victimes, auteurs, auteurs présumés, public) qui ont accepté de partager avec la Commission les maux qu’ils ont vécus durant toutes ces années, principalement le génocide de 1972.
Et cela émane des investigations que la CVR a menées au cours de la phase précédente : la phase d’investigations, d’auditions et d’exhumations des fosses communes abritant les victimes du génocide de 1972-1973. Ces audiences sont de trois types : les audiences publiques, les audiences à huis clos et les audiences thématiques. Mais pour l’essentiel, la CVR tient à se concentrer largement sur les audiences publiques.
Pour le numéro 1 de la CVR, la Commission veut que les bourreaux reconnaissent les crimes qu’ils ont commis afin qu’ils puissent demander pardon. C’est un long processus, mais cette étape est très importante.
Il poursuit en ajoutant qu’il n’y ait aussi personne qui soit responsable d’un mal qu’il n’a pas commis, ni de globalisation ethnique dans l’accusation de crimes. La CVR veut aussi que les victimes accordent le pardon qui leur sera demandé par les bourreaux, et que ce processus soit conduit dans la dignité.
Des journalistes révèlent leurs inquiétudes
Dans les deux séries de questions posées par les hommes et les femmes des médias, ces derniers ont soulevé des cas de témoins qui pourraient résister aux audiences, des cas de représailles pour des témoins qui reconnaîtraient enfin les auteurs qui les ont endeuillés ; l’importance de ces audiences après la qualification du génocide ; les témoins qui, après avoir reconnu les bourreaux, voudraient porter plainte devant la justice alors que la CVR n’est pas une instance judiciaire ; si au moins les séances seront spontanées , forcées ou les deux en même temps, etc.
Le Président de la CVR , Amb .Pierre Claver NDAYICARIYE a rappelé aux journalistes que les missions de la Commission sont précisées dans la loi. Il a ensuite souligné que le travail de la CVR est de trouver la vérité sur les crimes que le Burundi a connus ; et cette vérité ne vise qu’à réconcilier tous les Barundi (urugendo rwo gufasha Abarundi kurondera ukuri kunywanisha no gukira).
Pour lui, les victimes des crises que le Burundi a déjà connues sont très nombreuses et les pertes sont considérables. Mais, dans les cas contraires, les victimes peuvent saisir la justice.
Amb. Pierre Claver NDAYICARIYE a signalé que ces audiences aideront aussi les Burundais à connaitre les véritables bourreaux.
Il a ajouté que de telles séances qui donnent la parole aux victimes, aux bourreaux et au public constituent une grande contribution à la guérison des mémoires blessées et aux victimes qui connaîtront enfin la vérité cachée depuis plus de 50 ans.
