Université du Burundi : La justice transitionnelle, un nouveau chapitre pour les étudiants

Université du Burundi : La justice transitionnelle, un nouveau chapitre pour les étudiants

Vendredi le 18 mars 2022, la CVR a organisé une conférence au campus de Mutanga, Université du Burundi. C’est dans la commune Mukaza, zone Rohero. Les responsables de cette communauté avaient tout fait pour mobiliser les étudiants à venir participer à cette conférence. Le rendez-vous était tant attendu

Willy NTAKARUTIMANA

Il aura suffi de leur tendre le micro pour comprendre les attentes de la communauté universitaire sur le travail de la CVR. Ainsi, un étudiant en connaissances dans le domaine du droit n’a pas mâché ses mots : la CVR risque de tomber dans un piège en appelant les auteurs présumés du crime de 1972 à demander pardon alors que devant l’Assemblée Nationale réunie en congrès, la CVR a proclamé haut et fort que les crimes commis en 1972 sont bel et bien un génocide contre les Bahutu bien que même les Batutsi et Batwa aient été victimes de crimes contre l’humanité durant cette période.

Il explique ensuite que les crimes de génocide, les crimes de guerre ainsi que les crimes contre l’humanité sont classés parmi les crimes impardonnables dans le monde entier, d’où alors le génocide que la CVR a déjà décrit n’aurait plus de sens si la Commission continue à promouvoir le pardon. L’étudiant a également ajouté que ce même génocide pourrait même ne pas être reconnu en l’absence de l’accord des Nations unies qui possèdent des prérogatives de qualifier un tel crime.

Le Président de la CVR, Amb.Pierre Claver Ndayicariye en train de répondre aux question des participants à la conférence

D’autres étudiants ont voulu savoir combien de personnes et dans quels pourcentages les personnes ont été massacrées durant cette période afin de pouvoir qualifier cette crise de génocide.
D’autres voient que les quotas ethniques, très importants dans le monde du travail, constituent pour certains un moyen de leur empêcher d’être embauchés, car même s’ils ont des connaissances et des compétences avérées dans les postes à pourvoir, leur appartenance ethnique ne favorise pas leur accès au travail.

La justice classique et la justice transitionnelle ne suivent pas la même logique.

Le Président de la CVR a souligné que la question des quotas politiques émane de la Constitution burundaise, tout en précisant que le Sénat a reçu les prérogatives de les revoir.
Sinon, pas besoin de quotas pour qualifier un crime génocidaire, a déclaré l’Amb. Pierre Claver Ndayicariye qui souligne encore que seule la loi dispose des critères appropriés pour cette qualification.

Des Commissaires de la CVR et une partie des participants présents dans la conférence

Le Président de la CVR dit qu’en plus des victimes portées disparues, il y en a encore qui ont été dévorées par des bêtes sauvages, celles qui ont été brûlées vives, celles qui sont encore dans des fosses communes non encore connues. Pour l’instant, la Commission compte plus de 20 mille personnes déjà exhumées dans des fosses communes. Et suite à cela et comme le stipule la loi, des monuments seront érigés en mémoire des victimes, a rappelé Ndayicariye.

Maître Déogratias Ndikumana, l’un des Commissaires de la CVR et juriste de formation, a indiqué que la justice transitionnelle est un système nouveau qui ne se retrouve pas dans les branches classiques de Droit. Il a aussi confirmé que l’actuel Code pénal burundais reconnait le crime de génocide.

Pour lui, la justice transitionnelle n’a pas de liens communs avec la justice classique, car même les enquêtes ne sont pas menées de la même manière. Il s’agit dans le cas de la Justice transitionnelle d’enquêtes qui se concentrent en grande partie sur l’audition de témoins. C’est une recherche méthodologique différente d’une enquête judiciaire.

Me Déogratias Ndikumana, Commissaire de la CVR: « la justice transitionnelle est un système nouveau qui ne se retrouve pas dans les branches classiques de Droit « 

Ainsi, ce juriste de formation fait appel à des mémorants et à d’autres juristes pour faire des recherches sur ce nouvel aspect de la justice qui cherche à promouvoir le pardon et la vérité pour parvenir à la réconciliation.

Prof.Doct. Sanctus Niragira, Recteur de l’Université du Burundi a remercié la CVR pour sa mission qui vise à consolider les cœurs des Barundi dans la reconstruction du pays. Il demande qu’il y ait des séances de moralisation, à commencer par les intellectuels Barundi pour que la vérité soit un fait réel dans le cœur de nos compatriotes, car l’art du mensonge est devenu l’évangile du jour chez certains.

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