Gitega : Ntare V abattu sur le perron du drapeau national et enterré à l’extérieur du camp commando ?

Gitega : Ntare V abattu sur le perron du drapeau national et enterré à l’extérieur du camp commando ?

La CVR enquête toujours sur l’assassinat du roi Ntare V Charles Ndizeye en province Gitega. Ntare V avait été arrêté dès sa descente d’avion le 30 mars 1972 en provenance de l’Ouganda et conduit manu militari à son ancien palais de Gitega. Il fut exécuté le soir du 29 avril 1972 par le commandant en second du même camp commando de Gitega, le capitaine Ntabiraho. L’ancien monarque a reçu l’ordre de se prosterner et fut tué par balle dans le front près du drapeau. La CVR a fait parler des témoins oculaires de cet assassinat.

Willy Ntakarutimana

Assis au palais royal de Gitega , Bizimana, le chef de poste militaire au service de sécurité présidentielle à Gitega s’adresse à l’ex- Mwami et lui dit : « Je viens de recevoir l’ordre par téléphone, de Ntabiraho, le commandant du camp commando de Gitega, de vous arrêter et de vous conduire directement au camp ». Ntare V n’avait d’autre choix que d’exécuter cet ordre. Ce sont des sources qui émanent de certains militaires à la retraite qui gardaient le Palais royal de Gitega.
Charles Ndizeye a été directement embarqué dans une voiture de type « Chevrolet » et conduit au camp commando de Gitega manu militari par le chef de poste Bizimana accompagné d’un autre militaire, qui est notre témoin. Arrivé au camp commando de Gitega, Charles Ndizeye a été dirigé directement vers le bloc administratif du camp et a reçu l’ordre de se mettre à plat ventre devant le bureau du Commandant Ntabiraho, racontent nos témoins.

Le dernier Mwami du Burundi a été détenu dans cette maison se trouvant derrière celle de sa mère au palais de Mwambutsa de Gitega


Sans hésiter, le commandant Ntabiraho a quitté son bureau. Il s’est alors dirigé vers la porte, a saisi son pistolet et lui a tiré dans le bras gauche, près de sa montre, puis a ordonné à un soldat qui était là de l’achever. Témoin de cet événement macabre, le chef de poste Bizimana ordonna à ce militaire de regagner la voiture et de reprendre sa position au palais. Cette voiture « Chevrolet » servait en principe au transport des militaires qui assuraient la garde au palais.
Et n’eût été la grâce de Dieu, les soldats témoins de l’assassinat du Roi Ntare V ont failli être tués juste pour en effacer les traces, nous ont révélé nos témoins.

Le corps de Ntare V gardé dans le magasin du camp et jeté à Tankoma

La mort de Ntare V s’explique par le fait que 7 coups de feu ont été entendus dans le camp commando de Gitega, actuel camp Ntare Rugamba, selon les témoins dont certains détenus qui cuisinaient parfois dans ledit camp.
Originaire de la sous-colline Nyamuhogoti, colline Rubarasi zone Kiriba commune Giheta province de Gitega, N.S. était en détention préventive à la prison centrale de Gitega en 1972. Selon lui, un samedi soir, le 29 avril 1972, la nouvelle qui circulait dans la prison était la disparition du Roi Ntare V. Un certain Ndahigeze disait : quiconque croyait en Ndizeye, qu’il perde l’espoir » en Kirundi : « Uwizeye Ndizeye nazeruke »
Une colonne de voitures en provenance du palais de Mwambutsa a pris la destination du camp commando de Gitega. Et après, 7 coups de feu ont été entendus au camp. Le lendemain ce détenu ainsi que 3 autres, ont été dépêchés au camp militaire.

Tentative de la recherche des restes humains du roi Ntare 5 au cimetière de Tankoma à Gitega

N.S, également cuisinier au camp, a reçu l’ordre d’entrer dans le magasin et a vu le corps de Ntare V placé dans une brouette à proximité des houes, des serpettes, des machettes et des pelles. Et puis il a eu l’ordre de sortir ce corps et de le conduire dans une jeep militaire surnommé « Minerval ». Pendant ce temps, tout près de ce magasin, jonchaient par terre 6 autres dépouilles mortelles des personnes tuées dans le camp. Les 4 détenus ont alors pris ces corps, ils les ont mis dans cette voiture et les ont emmenés au cimetière de Tankoma. Ils ont creusé une fosse commune et les y ont jetés. Cet ex-détenu raconte que le Mwami a été jeté dans la fosse commune sans chaussures. En effet, un détenu du nom de Nzigo lui a enlevé ses chaussures pour les vendre au prix de 2500 francs à la Prison centrale de Gitega. Après la mort de Ntare V, le cimetière de Tankoma a cessé de fonctionner.

Une position militaire y a été placée freinant ainsi tout mouvement de la population dans cette localité. Les personnes qui avaient la permission de passer par cet endroit étaient des apiculteurs qui avaient des cruches dans les environs. Et pour y accéder, ils avaient eu une autorisation spéciale du commandant du camp. En conclusion, en 1972, le cimetière de Tankoma était subdivisé en deux parties, une partie réservée aux croyants et une autre partie réservée aux païens.

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