Rutana : la vérité et la réconciliation pour renforcer la vision 2040-2060

Rutana : la vérité et la réconciliation pour renforcer la vision 2040-2060

Jeudi 21 mars 2024, des représentants des différents services, étatiques, privés et religieux œuvrant dans la province de Rutana ont répondu massivement à l’invitation de la CVR afin qu’ils soient éclairés sur la vérité en rapport avec les violations des droits de l’homme que le Burundi a connu depuis la période coloniale jusqu’ au génocide de 1972- 1973. La province de Rutana est l’une des provinces qui ont été gravement touchées par ce génocide, notamment dans la commune de Bukemba où des témoins ont révélé à la Commission des cas de victimes tuées et carcinées dans une briqueterie, et d’autres, contraintes de boire le sang des victimes, plus précisément dans la commune de Musongati.

Il était alors important pour eux de connaître cette vérité en détail pour qu’eux aussi puissent connaître l’origine, les modalités opératoires, les modalités d’exécution des victimes de ces différentes périodes sombres qu’a connu le pays.

De gauche à droite : Mme Léa Pascasie Nzigamasabo et M. Olivier Nibitanga, respectivement Secrétaire du bureau de la CVR et Gouverneur de la province de Rutana lors de l’ouverture de la réunion

Les Commissaires de la CVR présents, Madame Léa Pascasie NZIGAMASABO et Maître Déogratias NDIKUMANA, respectivement Secrétaire du Bureau exécutif et Commissaire de la CVR ont ensuite eu l’occasion d’expliquer à ces invités les missions de la Commission, les activités déjà menées dans la recherche de la vérité sur les crimes qu’a vécu le Burundi et les conséquences qui ont suivi à travers une communication et un film documentaire relatant de manière succincte les résultats des enquêtes de la Commission sur ces violations des droits de l’homme, notamment le crime de génocide de 1972-1973.

Certains participants ont compris qu’il existe des auteurs qui voulaient cacher la vérité sur ces crimes uniquement pour leurs intérêts personnels. Ils saluent la CVR pour avoir fait la lumière sur eux. Ils estiment cependant qu’il vaudrait mieux que la Commission multiplie des livres et les diffuse rapidement dans les écoles pour empêcher les étudiants qui font des recherches sur le passé ou dans leurs rapports de stage de continuer à étudier et à se renseigner sur un passé erroné alors que la CVR a déjà donné la lumière nécessaire.

D’autres notent que les colonisateurs restent encore les véritables origines des conflits géopolitiques dans la région des Grands Lacs, notamment le cas du Burundi, du Rwanda et de la République Démocratique du Congo. Et pour que la région soit calme, au lieu d’attiser les conflits, ces pays doivent plutôt s’unir et combattre ensemble ces fauteurs de troubles. D’autres disent que le pays compte des gens qui ont vécu d’autres crises que celle de 1972. Ces gens seraient également rassurés de connaître la vérité sur ces crises. Et comme solution, la CVR devrait d’abord rassembler les résultats de toutes ces crises et les présenter à la Nation afin que tout le monde soit apaisé, ont-ils déclaré.


Face aux images d’ossements humains et aux témoignages choquants des survivants à travers le film documentaire, certains participants ont compris qu’en fin de compte les Burundais, surtout ceux qui ont échappé de peu à ces atrocités, ont besoin de soins psycho-traumatiques. Ils demandent à la CVR ce qu’elle préconise pour guérir ces mémoires blessées qui nécessitent un soutien.

Séance des questions-réponses

D’autres questions qui ont retenu l’attention des Commissaires sont celles liées aux critères de qualification du génocide, aux conflits fonciers et à la répartition inégale des terres au Burundi. Ils reviennent à la loi de 1925 et à celle de 1945, sous la Tutelle coloniale. Dans le premier cas, les colons s’étaient appropriés de vastes étendues de terres au Burundi. Et quant au second, il s’agissait de chasser tout « muhutu », homme ou femme, dans l’administration, sources d’inégalités et des divisions sociales entre Burundais.


Les Commissaires de la CVR ont expliqué aux participants que la Commission accomplit sa mission avec sagesse et professionnalisme. Ils déplorent également le fait que, jusqu’à aujourd’hui, il existe encore des témoins oculaires qui cachent la vérité au lieu de la révéler à la Commission pour faciliter les enquêtes. Ils ajoutent que les crises que le Burundi a déjà traversées ont coûté des vies humaines burundaises de tous les groupes ethniques. Par conséquent, dans sa méthodologie de travail et sur base de la loi qui régit la Commission, les Burundais doivent faire preuve de patience, éviter l’égoïsme et prendre en compte des travaux de la Commission.

Please follow and like us:
Pin Share
Actualités Français