Rumonge : Un hélicoptère venu de Bujumbura pour massacrer les bahutu

Rumonge : Un hélicoptère venu de Bujumbura pour massacrer les bahutu

Lors du génocide de 1972, les victimes Bahutu n’ont pas seulement été massacrées à coups de fusils et de bambous acérés dans la province de RUMONGE, le régime Micombero a également utilisé des hélicoptères. Au bord du lac Tanganyika, des milliers de familles bahutu attendant des bateaux pour fuir vers le Zaïre actuel RDC et la Tanzanie ont été décimées par un hélicoptère. La CVR a enquêté.

Willy NTAKARUTIMANA

Une forêt dense abritant des arbres borde le lac. C’est l’image de la sous-colline Mwange, de la colline Mbuga, de la zone Kizuka, commune et province Rumonge pendant le génocide de 1972. Sur la même colline, une rive du lac Tanganyika appelée « Mu Kinani » (Ku mweha wo mu Kinani : petit port de pêche) qui a été établie depuis les années 1960 garde une histoire particulière pour les jeunes et les personnes âgées. Seuls les pêcheurs à la canne et à l’hameçon sont autorisés à pêcher. Les premiers réclament à grands cris la réouverture des activités liées à la pêche et au transport maritime en ce lieu. Les autres considèrent plutôt cet endroit comme un lieu de mémoire pour les milliers de familles Bahutu qui y ont été massacrées en 1972.

Un rive du lac Tanganyika appelé « Mu Kinani »,colline Mbuga, zone Kizuka, commune et province Rumonge

En effet, les témoignages reçus sur place remontent à un certain lundi de mai 1972. Selon certains rescapés de ces massacres, les familles Bahutu fuyant les attaques meurtrières menées par les Batutsi dans les localités de Mwika, au centre de Rumonge ; Icunda; Mbiriko; Mbuga et d’ailleurs sont venus se cacher dans cette localité croyant avoir un refuge sûr en attendant que les bateaux arrivent et les embarquent vers le Zaïre et la Tanzanie à travers le lac Tanganyika.
Selon ces sources, certains Batutsi ont alors eu cette information et ils se sont empressés de se rendre en commune Rumonge pour informer les autorités administratives, les assurant que les bahutu/mulele (hommes, femmes et enfants) fuient leurs collines d’origine et qu’ils s’étaient regroupés sur la rive de Kinani à la colline de Mbuga.

Le seul survivant est celui qui n’a pas été vu par l’hélicoptère

Au bout de quelques heures, poursuivent nos témoins, ces personnes ont aperçu un hélicoptère «kajugujugu ». Ils pensaient que cet avion venait de Bujumbura parce qu’il se trouvait sur les aires du lac.
Cet avion a alors commencé à tirer sur ces hommes, femmes et enfants qui attendaient l’arrivée des bateaux. Il était alors difficile d’échapper à cette attaque car l’avion, tout en tirant, montait et descendait, très près des eaux pour bien tirer.

Ancien cachot de la brigade de police de Rumonge à l’intérieur du commissariat de police de Rumonge

Et après, il a fait le tour de la forêt et est revenu faire les mêmes opérations. Ceux qui ont réussi à bien se cacher ont vu les corps traînés au sol, ont raconté nos témoins. Vers la nuit, l’avion est reparti à Bujumbura et est revenu le lendemain, donnant aux survivants l’occasion de fuir vers le Zaïre pendant la nuit. Et pour s’y rendre, il a fallu au moins 5 jours de bateau.
Le nombre de victimes de cette attaque est encore inconnu, mais les témoins reconnaissent que ce nombre est élevé compte tenu de la masse de personnes qui s’y étaient rassemblées et qui n’ont pas fui l’attaque de cet hélicoptère. Dans sa mission, la CVR organisera une campagne de recensement des victimes des crises cycliques que le pays a traversées afin de bien les dénombrer.

Please follow and like us:
Pin Share
Actualités Français