Rumonge : Des gendarmes de nationalité rwandaise cités dans le génocide de 1972

Rumonge : Des gendarmes de nationalité rwandaise cités dans le génocide de 1972

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2 semaines de relance des travaux de recherche de la vérité dans les communes Rumonge, Burambi et Buyengero depuis le 21 août 2022. De nouveaux témoignages ont été entendus notamment dans la commune Rumonge. En plus des pillages dans les ménages, les gendarmes rwandais ont massacré les femmes et les enfants.

Willy NTAKARUTIMANA

Un champ de manioc situé à l’intérieur du lycée de Rumonge ; un buisson dans les années 1972. Il y avait à cet endroit, un petit terrain de jeux ; dit un de nos témoins. Celui-ci décrit comment les quartiers de la ville de Rumonge ont été la cible de meurtres commis par les gendarmes de la brigade de police de Rumonge, actuel commissariat provincial de police à Rumonge. Et parfois, en connivence avec des jeunes affiliés au parti UPRONA ; les JRR, selon d’autres témoins.

Vers la fin du mois de mai 1972, poursuivent nos témoins, la ville de Rumonge était en grande partie habitée par des femmes. En cause, tous les hommes avaient déjà , soit fui de peur d’être tués , soit avaient été tués. Mais, depuis avril, des arrestations intempestives de « bahutu » avaient déjà commencé, accusés de travailler de mèche avec les rebelles « mulele » qui avaient pour objectif de renverser le régime du président MICOMBERO.

Devant la fosse commune confirmée au commissariat provincial de police de Rumonge, les forces de sécurité sont venus assister aux activités de la CVR

Dans ses investigations, la CVR a confirmé une fosse commune au commissariat provincial de Rumonge. Elle était derrière une maison dépravée qui a servi de cachot à la brigade de police de Rumonge en 1972. Les victimes massacrées pendant la nuit étaient jetées dans cette fosse commune. Certaines ont été tuées les bras ligotés derrière le dos. Et d’autres, asphyxiés. En témoignent les crânes excavés, dont certains étaient emballés dans des sacs.

D’autres fosses communes ont été signalées dans le quartier swahili et au lycée de Rumonge, mais aucune n’a été confirmée. Des témoins disent qu’il n’est pas facile d’identifier directement où les victimes ont été jetées parce que le développement urbain a changé l’environnement. A certains endroits, des maisons y sont construites. Et d’autres, rues ou autres infrastructures. Malgré cela, ils reconnaissent toujours que les gens ont été tués pendant le génocide de 1972. Et certaines des victimes étaient des membres de leurs familles, ont déploré ces témoins.

Les femmes et les enfants tués par les gendarmes rwandais

L’histoire qui s’est passée à l’actuel lycée de Rumonge en 1972 est restée gravée dans la mémoire de la population de la commune de Rumonge, même si les tueries ont même été rapportées dans toute la commune, ont indiqué nos témoins. Ces témoins reconnaissent encore un gendarme du nom de Paul GASONGA pour avoir organisé des crimes et des pillages aux domiciles des victimes tuées au lycée de Rumonge en mai 1972.

Fosse commune confirmée au commissariat de police de Rumonge: les restes humains de 6 personnes ont y ont été exhumés par la CVR

C’est lui qui donnait des ordres aux gendarmes qui ont tué ces femmes et ces enfants à cet endroit habitant l’actuel lycée de Rumonge. Ils étaient accompagnés d’un certain MAGENGENYA, un Mututsi burundais de la commune Songa de la province Bururi qui voulait s’emparer des biens des victimes car leurs maris avaient déjà pris fuite.

Ces gendarmes ont regroupé au moins 3 familles résidant très près dudit lycée. Ils avaient quitté la brigade de Rumonge avec une machine « caterpillar ». Celui-ci a commencé à creuser un fossé à ce terrain. Et après l’avoir creusé, des coups de feu ont été entendus à cet endroit. Et puis, la machine a commencé à remblayer.

Des femmes et des enfants ont été tués par des gendarmes rwandais au lycée Rumonge. La CVR fait des recherches sur la fosse commune renseignée à l’intérieur de cet établissement scolaire

De retour à la brigade, ces militaires étaient repartis avec les biens pillés dans les maisons des familles tuées ; ont raconté nos témoins. Les gens sont ensuite retournés au terrain et ils n’ont trouvé personne parmi les femmes et les enfants qui se trouvaient à cet endroit.

Et sur ce terrain, ils ne voyaient que les restes de terre laissés par cet engin tracteur. Ils ont alors réalisé que les leurs avaient été jetés dans cette fosse commune. Malheureusement, la CVR a tenté à plusieurs reprises d’identifier cette fosse commune sur base des informations données par les témoins.
Cependant, les investigations de la CVR se poursuivent afin de retrouver l’une ou l’autre partie susceptible d’abriter les fosses communes à travers tout le pays.

La CVR tient à remercier les autorités administratives, les forces de sécurité ainsi que la population pour avoir contribué à cette mission de recherche de la vérité sur le génocide de 1972 dans la province de Rumonge.

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