Gitega : Une rencontre hautement stratégique avec les représentants des partenaires

Gitega : Une rencontre hautement stratégique avec les représentants des partenaires

L’enjeu était de taille dans la capitale politique où les membres du Bureau de la CVR ont eu une concertation de plus de cinq heures avec plus de 80 participants: des présidents des partis politiques, des présidents des commissions nationales, des représentants des gouverneurs des provinces, des responsables des organisations de la société civile, des délégués des églises et ceux des familles des victimes …tous autour d’une problématique en 3 points :

Gérard Mfuranzima

(1) Comment commémorer le 29 avril le Génocide commis contre les Bahutu en 1972-1973 par le régime Micombero
(2) Dans les cas où les circonstances et les moyens s’y prêtent, comment procéder aux réparations qui tiennent compte des préjudices subis par les victimes ?

(3) Dans l’objectif d’un rapprochement et d’une réconciliation entre les victimes et les présumés auteurs, quelle procédure pour que les victimes accordent le pardon aux auteurs qui le demandent et expriment le regret.

Après un exposé sur les activités projetées au cours de l’année 2022 et des échanges sur deux films vidéo relatant les activités de la Commission en 2020 et en 2021, les membres du Bureau de la CVR ont eu droit à de riches contributions sur les trois thèmes ci haut cités.

Pour Dr Kazihise Pierre Claver, Président de la Commission Electorale Nationale Indépendante, la réconciliation ne doit pas se faire uniquement dans le but de la restitution des biens qui ont été pillés mais aussi et surtout dans le sens de la réparation des cœurs brisés. Cette idée est partagée par la plupart des participants, comme Jean de Dieu Mutabazi, Président du parti RADEBU.

Selon Dr Sixte Vigny Nimuraba, Responsable de la CNIDH, comme la CVR a déjà bien indiqué qu’il y a eu un Génocide commis contre les Bahutu au Burundi en 1972-1973, le gouvernement devrait d’ores et déjà envoyer au Secrétaire Général de l’ONU une équipe pour lui montrer cette triste réalité vécue au Burundi, il y a 50 ans.

Dr Sixte Vigny Nimuraba, Responsable de la CNIDH

Mutabazi qui est le Président de l’Observatoire de prévention du génocide s’est en outre inquiété du comportement de certaines personnes qui n’acceptent pas les conclusions de la CVR à propos de ce génocide et qui se comportent comme des négationnistes. Il plaide aussi en faveur de la reconnaissance d’une autre forme de génocide ‘intellectuel’ survenu sous le régime Bagaza, connu sous les initiales I/U et qui visait l’exclusion des Bahutu dans la gestion des affaires de l’Etat.

Mutabazi Jean de Dieu , Président de l’Observatoire de prévention du génocide

Le Président du Parti CNL, Agathon Rwasa est aussi d’avis que le Burundi devrait rapidement collaborer avec les Nations Unies en vue de la reconnaissance du Génocide de 1972-1973 et qu’il revient à l’Exécutif de piloter les activités de commémoration du 29 avril, non pas dans l’objectif d’une quelconque revanche mais bien dans le sens du « plus jamais ça » et du dépassement de soi.

Le Président du Parti CNL, Agathon Rwasa

Gaspard Ntirampeba du PADER a fait un clin d’œil à la CVR : Vous faites un travail professionnel, mais il faut faire rapidement, car beaucoup de témoins et d’acteurs de 1972 sont en partance. Quant à son collègue Gabriel Banzawitonde de l’APDR qui parle au nom de la nouvelle génération qui n’a pas connu 1972, il faut afficher dans des lieux publics les listes des auteurs des massacres et réécrire l’Histoire du Burundi. Un Musée national devrait être construit pour conserver les ossements et autres restes humains que la CVR a retiré récemment des fosses communes.

Cœurs sensibles, abstenez-vous ! Les deux films vidéo montrant ces restes humains ont fait pleurer la Présidente du parti FROLINA, Cécile Nshimirimana qui pense que la CVR devrait faire des descentes dans le Burundi profond pour organiser la réconciliation nationale. Cette réconciliation devrait être comprise, selon Mgr Protais Nkurikiye, Vicaire Général du Diocèse Muyinga, dans le sens de l’Amour et du pardon, sinon à quoi bon puisque les auteurs du Génocide de 1972 sont morts pour la plupart ; il faut toucher leurs enfants, la nouvelle génération, afin qu’ils soient rassurés et aient de l’empathie pour les victimes.

Présidente du parti FROLINA, Cécile Nshimirimana

Mais au fait, que demandent les familles des victimes ? François-Xavier Ndaruzaniye n’y va pas par quatre chemins : la protection des fosses communes, la bonne gestion des restes humains tirés de ces fosses, l’adoption rapide de la Loi sur le Génocide, la construction d’un site mémoriel. Mais le plus urgent, selon lui, c’est la disponibilité de cette Loi sur le Génocide, qui permettrait ainsi cette année 2022, la commémoration le 29 avril prochain, du cinquantenaire de ce drame national. Il propose même une semaine de deuil autour du 29 avril et que cette date soit une journée chômée et payée.

Cependant, le Président de FOLUCON-F, Gérard Hakizimana insiste : il y a des crimes impardonnables. Ceux qui ont commis le génocide, les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité doivent comparaitre devant la justice. Cette opinion est partagée par le Président du Parti Monarchiste Parlementaire, Augustin Nkengurutse, qui fait un tout autre plaidoyer : Dommage que ceux qui ont commis le génocide de 1972 ne soient plus ! Or, c’est un génocide qui a commencé par un régicide : l’assassinat du dernier roi du Burundi, Ntare V Charles Ndizeye. Ce monarque ne doit pas être oublié dans la commémoration.

Président de FOLUCON-F, Gérard Hakizimana

Commémoration, oui, dit Colonel Nzisabira du Conseil National de Sécurité, et le 29 avril devra être organisé par l’Etat burundais dès que les dispositions légales y relatives sont mises en place. Alors, Bahutu et Batutsi ensemble, débuteraient une réconciliation nationale qu’appelle aussi de tous ses vœux le Président de la CNTB, Félicien Nduwuburundi.


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