Bururi : Les Bahutu à tuer, sélectionnés sur les barrières lors des rondes nocturnes

Bururi : Les Bahutu à tuer, sélectionnés sur les barrières lors des rondes nocturnes

Le génocide commis contre les Bahutu en 1972 a été signalé jusque dans la commune de Mugamba colline Vyuya. Ces bahutu regroupés autour du feu à la barrière « Ku coto » étaient arrêtés et emmenés dans des lieux inconnus. Les témoins reconnaissent la localité de Nyabigogo comme lieu d’exécution des Bahutu arrêtés dans la commune de Mugamba et ses environs. La CVR a mené des enquêtes.

Willy NTAKARUTIMANA

La marée de Nyabigogo communément appelée « mu mutana wa Nyabigogo » a consisté en une immense forêt en 1972 comme nous l’ont dit N. L et de nombreux autres témoins qui ont été approchés par la Commission. C’est là que les victimes Bahutu étaient rassemblées, tuées et jetées dans les fosses qui y avaient déjà été creusées. Le sang coulant dans cette rivière était un signe qui prouvait aux yeux des passants que cette marée était un lieu de carnage pour les bahutu ; déplorent nos témoins.

Ces fosses n’étaient pas assez profondes. Après un certain temps, certains restes humains étaient dévorés par des bêtes sauvages. Et bien sûr d’autres auraient pu être emportés par la rivière, expliquent nos témoins qui doutent pourtant que cet endroit puisse toujours abriter une fosse commune vu les longues années qui viennent de s’écouler, racontent toujours nos témoins. Cette situation est similaire à celle de la localité de Gataka, c’est toujours dans la commune de Mugamba.

Vérification d’une fosse commune dans la zone Vyuya commune Mugamba

Les habitants de Vyuya se souviennent encore certaines personnes qui ont joué un rôle important dans les arrestations. C’est notamment un certain Biheto Stéphane qui était chef de sous-colline à Vyuya et qui dirigeait également l’équipe qui arrêtait les victimes.

Le nom de Bizoza Joseph est toujours resté dans la mémoire des habitants de Mugamba. Il était gouverneur militaire de la province de Ngozi en 1972 et natif de Mugamba. Mais, étant hors de sa commune natale, il a nommément cité les personnes à arrêter à Mugamba ; selon toujours nos témoins. Ces témoins nous révèlent que Bizoza, d’ethnie tutsi et du clan « abenengwe », était originaire de la colline Vyuya en commune Mugamba. Il est le fils de Ntagambanya et de Muhutukazi. Ce dernier n’est qu’un nom car la mère de Bizoza était aussi une Mututsikazi. Elle avait un faciès d’une femme muhutu.

          Les familles des victimes dépouillées de leurs biens

Ces témoins racontent qu’après avoir massacré les Bahutu de la commune de Mugamba, le gouverneur militaire de Ngozi, Bizoza Joseph s’est empressé de s’emparer de leurs biens. Ici, les témoins nous donnent des exemples de vastes champs de forêts appartenant aux Bahutu qu’il s’est approprié à Vyuya. Même les Batutsi considérés comme des ennemis de Bizoza, leurs biens ont été saisis par ce gouverneur militaire de Ngozi.

Toujours selon ces témoins, le gouverneur Bizoza, après avoir été révoqué de l’armée nationale du Burundi, il a été engagé au port de Bujumbura. Et tous les dimanches, il rentrait chez lui avec quelques-uns de ses employés pour venir délimiter les terres des bahutu qu’il s’était appropriées à Vyuya : il était armé d’un pistolet et personne ne pouvait manquer à sa parole, souligne un témoin qui ajoute que la majorité des personnes qui ont été maltraitées par Bizoza étaient des Bahutu. Il les traitait comme ses esclaves, déplorent nos témoins.

La riviere Murembwe en commune Mugamba province de Bururi : lieu de carnage des victimes Bahutu

Outre Bizoza Joseph, nos témoins disent qu’il existe d’autres autorités publiques qui ont joué un rôle important dans le massacre des Bahutu à Bururi. Il s’agit entre autres d’un certain Bandya de la colline Gitandu dans la commune de Matana. Celui-ci était un accesseur au tribunal de Gitandu, actuel Matana et les gens l’approchaient pour lui demander des conseils. Nos témoins disent ne pas être au courant son lieu d’origine, mais ils reconnaissent qu’il était d’ethnie mututsi du clan « abahanga ». Ils sont venus à Bururi à la recherche de terres pour vivre.

Le nombre de Bahutu tombés aux mains de leurs frères Batutsi sous le régime du président Micombero Michel n’est pas encore connu. La CVR envisage un recensement des victimes des crises que le Burundi a déjà connues. En province Bururi, notamment en commune Mugamba, des Bahutu étaient tués à coups de bâtons, de bambous bien taillés sur les deux bouts, de poignards et de lances, ont conclu nos sources.

Please follow and like us:
Pin Share
Actualités Français