L’actuel poste de police (commissariat de police en 1972) situé dans le quartier swahili de la ville de Rumonge, abrite une fosse commune des victimes de génocide de bahutu de 1972. Ces victimes bahutu étaient arrêtées dans différents coins de la ville de Rumonge. La CVR a enquêté sur son l’emplacement, mais sans succès. Les témoins pensent que les traces de cette fosse commune auraient été faussées par l’aménagement de ce lieu.
Willy NTAKARUTIMANA
En tout, 5 lieux indiqués par les témoins ont été vérifiés par la CVR lors de sa récente descente en province de Rumonge dans le but de renforcer le travail de recherche de la vérité sur le génocide de bahutu de 1972.
2 endroits ont été vérifiés dans la cour intérieure dudit poste, 1 autre devant les sanitaires de la police rattachés à cet ancien commissariat, 1 derrière le petit cachot actuellement transformé en poulailler, et 1 autre tout près de la cour extérieure de ce bâtiment.
Selon les témoins, la majorité de ces victimes ont été tuées par l’administrateur communal de l’époque, Nyambere Damas, alias « Ntambweyikimwenyi ». Elles étaient arrêtées dans différentes localités de la ville de Rumonge telles que Birimba, quartier Swahili, Kanyenkoko, Mugomere et ailleurs.
La grande majorité des gens étaient accusés d’être des traîtres « abamenja » travaillant à la solde des rebelles « mai mulele » dans leur mission de renverser le régime tutsi du Président Michel Micombero.
Après leur arrestation, ils étaient mis au cachot de ce commissariat en attendant d’être tué dans la nuit par l’administrateur lui-même car pendant la journée, il était concentré par les affaires administratives dans le bureau de son prédécesseur Maronko Mossi.
L’administrateur Nyambere est également pointé du doigt dans l’assassinat de son prédécesseur et dans le pillage de ses biens car, il aurait été jaloux de sa situation financière. D’où il a choisi de le liquider pour récupérer ses biens, déplorent les membres de la famille de Maronko Mossi qui jusqu’à présent trainent les procès devant les tribunaux réclamant les biens légués par leur père.
Il fallait acheter de la viande pour le chien de Nyambere pour se racheter
Des témoignages racontent encore que l’administrateur Nyambere avait un chien en sa compagnie. Le nom de ce chien n’est pas revenu à la mémoire des témoins de la CVR, mais ils reconnaissent qu’il était de couleur jaune. La présence de Nyambere au bureau communal était aussi marquée par celle de son chien placée devant la porte d’entrée, comme les témoins s’en rappellent.
Pour eux, de nombreux gens ont été contraints d’acheter la viande pour ce chien afin de sauver leur peau, mais en vain. Même si on l’achetait, on devrait être tué par Nyambere. Peu de gens ont été libérés alors qu’ils avaient tenté d’acheter de la viande pour ce chien, disent-ils.
La fosse commune recherchée en vain par la CVR abriterait au moins 12 hommes. Le 13ème était une femme, la fille aînée de Maronko Mossi. Elle a été sauvée par le policier chargé de faire sortir les détenus du cachot pour être tués par balles du fusil détenu par Nyambere. Et le lendemain, elle a repris le chemin de l’exil.