Ngozi : A la recherche de la vérité pour la réécriture de l’histoire

Depuis dimanche, le 30 janvier 2022, la CVR est présente dans plusieurs provinces du pays, dont celles du nord, plus précisément Ngozi et Kayanza. Le but ultime de cette mission est de compléter les enquêtes et investigations sur le génocide commis contre les bahutu en 1972 afin de recueillir les informations nécessaires qui serviront à la réécriture de l’histoire du Burundi, une des missions confiées à la commission.

Willy Ntakarutimana

Depuis ce jour, l’équipe déployée en province Ngozi est divisée en trois sous-groupes. Chaque équipe a pour tâche de réaliser des enquêtes dans trois communes puisque la province, dans son ensemble, compte neuf communes : Ngozi, Busiga, Kiremba, Marangara, Tangara, Mwumba, Busiga, Ruhororo et Gashikanwa.

Le premier contact avec le gouverneur de la province Ngozi a été très fructueux. « Vous êtes les bienvenus dans notre province qui a également connu des crimes en 1972 », a indiqué Epipode Baranyikwa.

Le gouverneur de la province de Ngozi, Epipode Baranyikwa avec l’équipe de la CVR déployée dans la province de Ngozi

Il aurait aimé travailler directement avec les Commissaires de la CVR dans la recherche de la vérité sur la crise de 1972, mais il était déjà pris par d’autres engagements relatifs notamment à l’écoute des doléances de la population des communes Marangara et Kiremba.

Cette autorité provinciale a alors désigné Emmanuel Ntaconsanze, son Chef de cabinet, pour accompagner la Commission. Et ce dernier avait déjà préparé des témoins oculaires du génocide de 1972. « Le travail s’annonce déjà bien », se félicitent les Commissaires déployés dans la province de Ngozi.

La prison pour femmes de Ngozi, centre de carnage pour les Bahutu en 1972

En 1972, l’actuelle prison pour femmes, était le principal établissement pénitentiaire de Ngozi, selon nos témoins. Les premières victimes du génocide ont été des prisonniers bahutu.

Certains ont été tués dans le camp militaire de Ngozi. Cela explique pourquoi les militaires ont joué un rôle important dans le génocide des Bahutu dans la province de Ngozi. Au milieu de la nuit, les corps des victimes étaient alors chargés dans des camions militaires appelés « Rubaho » et conduits pour être jetés dans un lieu inconnu à ce moment-là, raconte un certain K.B. qui était le chef des tortionnaires tant à la prison centrale de Ngozi que dans le camp militaire de Ngozi. Celui-ci s’est confié à la CVR pour tout raconter.

C’est par la suite qu’ils ont compris que des corps sans vie étaient emmenés vers la commune de Ruhororo. Pourtant, des sources concordantes recueillies dans la province de Gitega lors du séjour de la CVR dans cette province en 2020 ont précisé que certains corps des victimes du génocide des Bahutu qui ont été jetés dans les fosses communes de Mashitsi et Mutobo en commune Giheta provenaient de la province de Ngozi et ailleurs. Le camp de Ngozi était un haut lieu du carnage des Bahutu, rassurent nos sources.

Vérification des fosses communes derrière le Tribunal de grande instance et le parquet de Ngozi

D’autres sources indiquent plutôt que les corps des victimes ont été emportés derrière le Tribunal de grande instance et le Parquet de Ngozi. La CVR n’a pas tardé à enquêter. Une équipe de fossoyeurs est déjà à pied d’œuvre dans cette localité pour y chercher des fosses communes.

Car d’autres sources prétendent que cet endroit abrite au moins deux fosses communes. Les victimes étaient des personnes arrêtées dans et autour de la commune de Ngozi et la majorité étaient des Bahutu. Il a été également signalé l’assassinat de certains Batutsi, comme l’ancien ministre de l’éducation, Amédée Kabugubugu, par le gouverneur militaire, le commandant Bizoza Joseph qui disait à qui voulait l’entendre qu’il n’existe pas de Batutsi au nord.

Pour effacer toute trace de ces fosses communes, deux maisons ont été érigées à cet endroit appelé quartier Gabiro, colline Muremera en 1972. La CVR a du pain sur la planche. Les enquêtes se poursuivent…

RSS
Follow by Email