La Commission Vérité et Réconciliation compte approcher l’ancien administrateur de Vugizo et l’ancien gouverneur de Bururi de 1972 pour qu’ils éclairent sur la réalité de la tragédie qui a frappé la région, notamment les massacres de la colline de Gikuzi. Amb. Pierre Claver Ndayicariye, Président de la CVR l’a indiqué lors du lancement officiel de la deuxième phase d’exhumation dans la province de Makamba. Cette activité a été rehaussée par la présence du 1er Vice-président de l’Assemblée Nationale du Burundi, Hon. Dr Sabine Ntakarutimana.
La cérémonie a eu lieu mardi 15 septembre 2020 à la colline Gikuzi, commune Vugizo de la province de Makamba. Des fouilles de fosses communes ont été effectuées sur cette colline ainsi qu’à Martyazo et Gishiha, et les recherches ont abouti à la confirmation du carnage de mai 1972. En effet, à Gikuzi, la CVR a découvert 8 fosses communes qui ont été vérifiées et confirmées.
Le Président de la CVR a expliqué devant les invités que le modus operandi pour arrêter et massacrer sélectivement des innocents était sophistique. Il a révélé que la CVR a appris des informateurs locaux que les populations étaient invitées aux réunions de paix et d’unité (inama z’amahoro n’ubumwe) par l’autorité publique et par les responsables militaires de l’époque.
Arrivées au terrain de football de Gikuzi, poursuit M. Ndayicariye, ces populations se sont vues divisées sur base ethnique. Les hutu étaient regroupés dans une pièce et les tutsi à côté. Un peloton militaire lourdement armé était déjà là pour exécuter les hutus sélectionnés, a dit le Président de la CVR.
Un passé douloureux ignoré par la communauté internationale
Le Président de la CVR a aussi dit dans son discours de circonstance qu’il y a une histoire de notre pays que la communauté internationale ignore ou ne veut pas lire. Selon lui, les jeunes burundais découvrent peu à peu qu’il y a une histoire tragique que les burundais, les parents ont caché à leurs enfants.
Amb. Ndayicariye a expliqué qu’en mai 1972, sur la colline de Gikuzi, des femmes tutsi et hutu ont été violées devant leur mères avant d’être tuées et jetées dans des fosses communes. Il a précisé que la CVR dispose de noms de ces femmes victimes de cette barbarie sans nom.
Les fosses communes de Gikuzi sont situées très près de deux extrémités du terrain de football de Gikuzi, de l’ancien bureau communal de Vugizo et du tribunal de résidence de cette époque et d’une position militaire.
Lors du lancement officiel des travaux d’excavation, deux visites guidées ont été organisées pour montrer à la population et aux médias la véracité de ces fosses communes. Ainsi, deux autres fosses communes, l’une située sur la colline Martyazo, et l’autre sur la colline Gishiha, ont été visitées.
A ce jour, la CVR compte déjà 14 fosses communes confirmées. Trois d’entre elle avaient été fouillées jusqu’au dimanche 20 septembre 2020.
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