Le 05 mai 2021, la Commission Vérité et Réconciliation a solennellement lancé les activités d’exhumations et d’auditions de témoins et de victimes de la crise de 1972 dans la province de Kirundo. Une fosse commune a été confirmée dans la commune de Busoni. Les victimes sont des Burundais, exilés au Rwanda lors de la crise de 1972 mais qui souhaiteraient rentrer les armes à la main dans leur pays d’origine.
Un dimanche d’avril 1973, une journée pas comme les autres dans la commune de Busoni. Les chrétiens se voient sortir des églises pour sauver leur peau. En effet, un mouvement d’hommes armés venait de franchir la frontière en provenance du Rwanda, par la localité de Murehe.
Ces assaillants, des jeunes pour la plupart, avaient fui les massacres de 1972 au Burundi, une crise qui a coûté la vie à au moins 300 mille victimes, selon l’ancien Président Ntibantunganya Sylvestre.
Des gens avec des armes blanches osent attaquer une armée régulière ayant des fusils d’assaut comme le « FAL », des fusils tenus par des soldats des camps de Ngozi et Kirundo qui étaient allés intervenir dans la province de Kirundo.
En plus de ces soldats, des témoins ajoutent que même un hélicoptère a survolé Kirundo ce mois-là à la recherche de ces réfugiés burundais. Les mêmes témoins précisent que cette journée fut celle du grand malheur que la commune de Busoni n’ait jamais connu. Le Président Micombero est arrivé à Busoni pour s’en rendre personnellement compte. L’attaque a enregistré une grande fuite de personnes en particulier de ceux qui vivaient près de la frontière burundo-rwandaise.
Des corps de victimes fragmentés
Comme d’habitude, les activités de lancement officiel des exhumations et des auditions des témoins et des victimes ont été suivies, dans la province Muyinga comme dans celle de Kirundo, des visites aux fosses communes confirmées.
La fosse commune de Gisenyi en commune Busoni contient plus de 40 personnes, estime Hon. Denise Sindokotse, Commissaire de la CVR, qui tient d’information des témoins oculaires de l’époque. Selon elle, d’autres personnes ont été utilisées pour découper les corps de ces victimes afin qu’ils puissent occuper la fosse commune, comme le lui a rapporté des témoins, dont le nommé N.E. résidant sur la colline Gisenyi. Ce père septuagénaire de 6 enfants affirme avoir été utilisé par les auteurs de ce crime pour découper les corps des victimes. Mais il n’a pas résisté à cet acte méprisable et a été relâché par la suite.
Le Président de la CVR, Amb. Pierre Claver Ndayicariye salue les personnes qui ont donné des informations à la Commission pour une meilleure connaissance de cette crise. Il a appelé les Burundais à être des patriotes pour développer notre pays. Et le développement est impossible si les droits de l’homme ne sont pas respectés, a conclu Ndayicariye.
Willy Ntakarutimana
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