Du 10 au 16 juin 2023, une équipe de Commissaires et de cadres de la CVR a mené des rencontres et des auditions avec des Burundais de la diaspora ndundi résidant au Kenya. Le but principal de cette mission était de leur présenter les activités ainsi que les résultats des travaux que la CVR a effectués au cours du mandat passé 2018-2022. De plus ; certains Burundais témoins oculaires des crimes du passé ont contribué à ce processus de recherche de la vérité au service de la réconciliation de leur pays natal.
Une communauté mixte, mais surtout jeune. Ils exercent diverses activités au Kenya pour gagner leur pain quotidien. Les autres sont partis y étudier. La rencontre avec la CVR s’est avérée très importante pour cette communauté qui ne connait pas l’histoire de son pays. D’où l’intérêt de multiplier les livres sur l’histoire du Burundi, de traduire les ouvrages de la CVR en kirundi pour faciliter la connaissance de la vérité par tous les Burundais, et d’enseigner cette histoire aux nouvelles générations pour qu’elle ne reste pas cachée dans les tiroirs et les archives de la CVR.
Face à cette situation, les membres de la délégation CVR, ont rapidement compris qu’il était important de multiplier les rencontres afin de donner accès à au moins une partie des Burundais vivant à Nairobi car, selon eux, le Kenya héberge un grand nombre de Burundais, dont certains vivent dans des régions éloignées de Nairobi. « Il faut au moins un mois pour rencontrer un nombre suffisant de Burundais vivant au Kenya », nous ont dit ces jeunes.
La première réunion a eu lieu le dimanche, le 11 juin 2023. L’autre a eu lieu le jeudi. Le personnel de l’ambassade du Burundi au Kenya s’est investi corps et âme dans la sensibilisation et l’organisation des rencontres, ainsi que des auditions.
Lors de ces séances d’échanges, certains jeunes ne croyaient pas que le Burundi avait vécu une telle période de carnage, une telle période d’injustice ; une période pendant laquelle les Burundais ont vu leurs biens (maisons, parcelles, voitures, comptes en banque, bétail, etc.) spoliés . Une découverte pour les jeunes, une douleur pour certains de ceux qui ont vécu cette période. La présentation en PowerPoint des résultats de la CVR et la vidéo documentaire n’ont pas laissé indifférents ces Burundais. Il fallait s’attendre aux questions, aux inquiétudes et aux contributions des participants face à cette vérité.
Les participants soucieux de connaître les perspectives d’avenir
Certains participants ont voulu connaitre la suite à réserver au rapport de la CVR adopté par le parlement qui contient des qualifications des crimes qui pont été commis contre les Bahutu du Burundi et de crimes contre l’humanité contre les Batutsi et les Batwa et d’autres crimes antérieurs.
Et bien d’autres se demandent pourquoi jusqu’à ce moment, il existe certains parmi les auteurs de ces atrocités qui sont encore en vie mais qui n’ont jamais été inquiétés.
D’autres ont demandé à la CVR quand commencerait le processus de restitution des biens pillés en 1972 qui sont toujours entre les mains des familles des auteurs. D’autres encore demandent à la CVR d’envisager des enquêtes sur les autres crises qu’a connues le Burundi, en particulier celle de 1993, dont ils ont été pour la plupart les témoins. Ces témoins reconnaissent encore certains endroits au Burundi qui contiennent encore des fosses communes des victimes de 1993.
Face à toutes ces questions, les membres de la délégation ont donné des réponses claires entre autres, ils ont rappelé que la CVR n’est pas une institution judicaire.
Le travail de la Commission est de trouver la vérité sur l’histoire longtemps cachée et de présenter nos rapports à la nation burundaise. La CVR est donc à la recherche de la vérité au service de la réconciliation. Elle n’empêche personne de porter plainte devant la justice pour tout cas relevant de la compétence de celle -ci.
L’histoire que la CVR révèle à la population est destinée à la reconnaissance de la vérité sur le passé et non pas comme une cause de représailles. La CVR demande à ces jeunes d’être des pionniers de la paix dans la recherche de la vérité. Parmi les participants, il y a aussi des hommes d’églises qui ont contribué. Ils ont encouragé ces jeunes de couper court à tout acte d’animosité qui a conduit à ces atrocités. Il faut plutôt aimer son prochain comme le Seigneur nous a tous aimés.