Mercredi 11 janvier 2023, les sénateurs burundais, accompagnés de la CVR, ont visité les sites de la Commission se trouvant sur les collines Mashitsi et Mutobo dans la commune Giheta, province Gitega. Le but de la visite était d’obtenir des informations sur les missions de la Commission. Ils ont également visité l’abri provisoire où sont conservés les restes humains qui ont été exhumés dans le centre du pays.
Willy NTAKARUTIMANA
A Mashitsi, non loin de l’entrée de l’IRAZ (Institut de Recherche Agronomique et Zootechnique), 4 fosses communes exhumées sont encore visibles. Et dans quelques autres, des traces d’ossements humains et quelques restes (dents, morceaux de tibia, …) sont encore visibles à cet endroit.
A Mutobo, 2 fosses communes ont été exhumées. L’une d’elles se trouvait en dessous de la fondation d’une habitation familiale. Avant de procéder à l’exhumation de cette fosse commune, la CVR a d’abord construit une nouvelle maison pour cette famille. Ce travail de terrain s’est limité à deux sites, mais la CVR a également exhumé des restes humains dans la même commune de Giheta, sur les sites de Nyabunyovu et Nyambeho.
La CVR y dénombre alors les restes humains de 3.640 victimes du génocide commis contre les Bahutu en 1972-1973. Des témoins oculaires et des rescapés disent que ces fosses communes ont été creusées par des tracteurs. Ces victimes étaient d’abord rassemblées aux bureaux communaux, avant d’être conduites en camions soit à la prison centrale de Gitega, soit directement aux fosses communes. Les intellectuels bahutu, les religieux, les gens à la vie aisée n’ont pu échapper à la colère du président Michel Micombero.
Des ossements humains conservés de manière déplorable
La dernière étape de la visite effectuée au courant de cette journée a été celle de l’abri temporaire des ossements humains situé au chef-lieu de la commune de Gitega. Les sénateurs ont été témoins que ces restes humains sont mal conservés. Face à cela, le premier vice-président du sénat, Hon. Cyriaque Nshimirimana, en même temps porte-parole de l’institution sénatoriale, n’a pas mâché ses mots : « Ces ossements sont conservés dans une petite maison et de façon déplorable »
Cette autorité a souligné que même si le Burundi a connu différentes crises, on ne peut pas penser à édifier des monuments dédiés aux victimes de chaque crise, d’une ou telle autre ethnie. Pour lui, les Burundais doivent dépasser ce stade.
Il faut plutôt penser à un monument unique à la mémoire de tous les Burundais qui ont été victimes de la haine de leurs frères. Hon. Nshimirimana demande également à l’Etat burundais de trouver les moyens pour qu’il y ait une maison unique pour la conservation des ossements humains. Ces ossements doivent être bien conservés au même endroit pour que demain nos enfants et nos petits-enfants puissent s’y rendre et voir le mal qui a été commis par leurs arrière-grands-pères.
Hon. Cyriaque Nshimirimana a ensuite remercié la CVR d’avoir organisé cette visite et a demandé que des visites similaires soient également organisées pour d’autres institutions étatiques afin que nous puissions tous avoir la même lecture des faits pour le « Plus jamais ça » au Burundi.