Vendredi 26 mai 2023 ; la CVR a tenu une réunion à l’intention de l’association « Femme intwari » dans le but de divulguer aux membres de cette association les résultats des activités qui ont été menées au cours du mandat écoulé . Cette activité s’est déroulée en mairie de Bujumbura. Et parmi les préoccupations de certains membres de cette association figurent le processus de réhabilitation des familles dont les proches ont été victimes des crises que le Burundi a traversées ainsi qu’un nouveau programme d’enseignement de cette histoire tragique qu’a connue le Burundi.
Comme à l’accoutumée, le programme de la CVR dans de telles rencontres est largement dominé par la présentation Powerpoint des activités et missions de la CVR ainsi que le visionnage de deux vidéos documentaires qui montrent les activités que la CVR a menées au cours du mandat écoulé. Cependant, la CVR offre également la possibilité aux participants de poser des questions ou de contribuer aux missions de la Commission.
Après avoir vu ces deux vidéos, pour certaines femmes et d’autres participants, une situation de deuil a été constatée dans la salle. Les larmes coulaient dans leurs yeux, d’autres sanglotaient en se souvenant de leurs proches massacrés lors du génocide commis contre les Bahutu et des crimes contre l’humanité commis contre les Batutsi et les Batwa en 1972-1973. Il était très difficile de résister devant une telle situation comme en témoignent les Commissaires et cadres présents à ladite rencontre.
Pour ces femmes, les témoignages affreux que vous venez de nous partager révèlent en réalité la vérité que le Burundi a vécue durant cette période. Elles considèrent cela comme une leçon pour tous les Barundi et surtout les nouvelles générations pour attirer une attention particulière afin que le pays ne retombe pas dans une situation pareille.
Les familles des victimes soucieuses d’être réhabilitées dans leurs droits
Dans les différentes interventions qui ont marqué cette séance, les participants ont plaidé pour les biens des victimes qui sont toujours entre les mains des familles des auteurs présumés. Et d’autres qui ont encore des documents attestant de l’appropriation de ces biens, craignent de se confier aux autorités institutionnelles puisque dans certaines institutions, elles observent encore des personnes qui ont joué un rôle important dans le pillage des biens des victimes et les tueries notamment lors de la crise de 1993.
Et suite à cela, elles ont estimé que leurs plaintes ne pouvaient aboutir à aucune solution et elles ont décidé de garder ces documents cachés chez elles . Ces femmes espèrent néanmoins que la CVR pouvait leur donner une bonne orientation. D’autres participants ont demandé à la CVR de poursuivre les enquêtes sur les fosses communes des victimes de 1972 car elles sont toujours dispersées dans différents coins du pays. Et d’autres ont suggéré que la CVR réfléchisse aussi à d’autres crises, notamment celle de 1993.
Amb. Pierre Claver NDAYICARIYE est le Président de la CVR. Pour lui, cette rencontre organisée au bon moment s’avère aussi être une leçon pour la Commission. Il souligne que les séances d’échange peuvent se poursuivre afin de connaître toute la vérité. Le Président de la CVR a également indiqué que le travail de la CVR ne nécessite pas d’être précipité de peur de ne pas fournir d’informations incomplètes : « kirazira kujabura indya zitarasha.Bavyita kujabura imitura »
Les crises qu’a traversées le Burundi sont plus graves et plus profondes. Nous voudrons mener des enquêtes afin de connaître les auteurs, les victimes et les sauveteurs a indiqué Ndayicariye. Il a appelé tout le monde à faire le bien car le mal ne s’est jamais caché.