Bujumbura : Des citadins assoiffés de vérité

Bujumbura : Des citadins assoiffés de vérité

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Ce jeudi 22 juillet 2021, la CVR a organisé une réunion à l’endroit des administratifs de la Mairie de Bujumbura afin d’annoncer l’ouverture officielle de ses travaux dans la capitale économique du pays, mardi le 27 juillet 2021. Une occasion pour la population de Bujumbura de pouvoir enfin s’exprimer sur les violations des droits humains commises en 1972 à Bujumbura et les inquiétudes liées au travail de la CVR.

Willy Ntakarutimana

La population de la ville de Bujumbura souhaitait depuis longtemps que la CVR arrive chez elle, exprime l’une des personnes présentes à cette réunion tenue à l’Hôtel de Ville. Son intervention découlait d’un appel lancé par le Maire, Jimmy Hatungimana, vu que tout le reste des participants hésitaient à prendre la parole en premier pour donner son avis.

Certains ont exprimé une opinion répandue que la CVR travaillerait pour le compte du parti au pouvoir. D’autres ont estimé que la Commission ne travaillerait que sur la crise de 1972 qui a causé la mort d’une grande partie des Bahutu.

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Séance des questions pour les participants à la réunion

Une autre opinion croit que la Commission tarde à enquêter sur les victimes Bututsi qui ont été emportées par d’autres crises. Cependant, d’autres ont dit avoir déjà compris que la CVR est une Commission neutre qui doit travailler sur les différentes crises que le pays a traversées. Ils espèrent que le travail de la recherche de la vérité sur les violations des droits humains commises au Burundi va couvrir également d’autres événements qui ont affecté la vie du pays, car toutes les ethnies burundaises ont été victimes des crises cycliques que le pays a traversées.

En revanche, d’autres voient que la procédure de recherche de la vérité pour procéder à la réconciliation laisse à désirer car, jusqu’à ce moment, il existe une catégorie de personnes qui ne veulent pas cohabiter avec les autres. Un exemple a été donné sur le cas des déplacés de la commune Ruhororo, en province Ngozi, qui peinent à vivre seul. Il y en a d’autres qui n’ont pas encore compris la mission de la CVR et que la continuité de l’Etat devrait prévaloir pour notamment passer au stade de réparations en faveur des familles des victimes de la crise de 1972. D’autres ont affirmé reconnaître que la mission de la CVR est très difficile à réaliser et encouragent toute l’équipe de la Commission.

Personne ne devrait être responsable des crimes commis par ses parents

Cela ressort des explications fournies par le Président de la CVR pour toutes les inquiétudes soulevées par les participants à la rencontre. Pour lui, l’accent particulier de la mission de la Commission a été mis sur la crise de 1972 car c’est la première qui s’est déroulée à travers tout le pays et qui a fait de très nombreuses victimes. En plus de cela, le choix de l’année 1972 n’a pas du tout été un hasard : « les témoins de cette crise disparaissent sans laisser de témoignages sur cette période très douloureuse pour le pays », a-t-il dit.

Pour ceux qui pensent que la CVR travaille dans l’intérêt d’un seul groupe ethnique, Amb. Pierre Claver Ndayicariye a rappelé que la mission de la CVR s’étend de 1885 à 2008, et que cette période comprend une grande partie des crises que le pays a connues.

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Amb.Pierre Claver Ndayicariye, Président de la CVR Burundi répond aux questions des participants : « les témoins de la crise de 1972 disparaissent sans laisser de témoignages sur cette période très douloureuse pour le pays »

Ainsi, le Président de la CVR demande aux habitants de la ville de Bujumbura pouvant témoigner sur la crise de 1972, de se rapprocher des Commissaires et Cadres de la CVR pour que la vérité soit enfin révélée. En plus de cela, la CVR mettra bientôt à disposition du public un numéro vert et une boîte à suggestions afin d’avoir une grande partie de ces témoignages.
Par ailleurs, certains habitants semblent s’empresser de connaître la qualification de la crise de 1972. Ils n’hésitent pas à dire que c’est une crise qui avait été bien préparée et que certains commanditaires sont déjà connus. Ils estiment que la réconciliation n’existerait jamais tant que ces auteurs présumés ne seraient pas encore dénoncés.

Il est à noter que lors de cette rencontre, les participants ont demandé à la CVR d’organiser des séminaires pour les veuves et les orphelins des crises afin qu’ils soient réconfortés. Une vidéo documentaire montrant les activités menées par la Commission en 2020 a été projetée afin de montrer aux citadins le travail de la CVR dans ce processus de recherche de la vérité au service de la réconciliation.


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