Demande de la reconnaissance internationale du Génocide de 1972-1973 contre les Bahutu

Demande de la reconnaissance internationale du Génocide de 1972-1973 contre les Bahutu

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Cette démarche coordonnée marque une étape décisive dans la quête de justice pour les centaines de milliers de victimes de ces massacres ethniques. L’ambassadeur Pierre Claver Ndayicariye, président de la Commission Vérité et Réconciliation (CVR), accompagné de la secrétaire Léa Pascasie Nzigamasabo, a profité d’un « side event » organisé au siège des Nations Unies pour lancer un appel solennel au Conseil de sécurité. Cette initiative s’inscrit dans une stratégie diplomatique visant à briser le silence international autour de ces crimes de masse.


Parallèlement, l’ambassadeur du Burundi à New York, Zéphirin Maniratanga, a renouvelé son plaidoyer pour la reconnaissance de ce Génocide, rappelant l’ampleur des massacres: plus de 300 000 personnes tuées entre avril et juillet 1972, incluant d’anciens députés, ministres, fonctionnaires, étudiants et officiers, tous ciblés en raison de leur appartenance ethnique hutu.

Un génocide aux critères internationaux établis.


La Commision s’appuie sur un arsenal probatoire considérable pour étayer sa demande. Les témoignages recueillis, les faits établis par la Commission et les archives collectées constituent, selon l’ambassadeur Ndayicariye, des preuves suffisantes pour démontrer que ces massacres répondent aux critères de la Convention internationale de 1948 sur la prévention et la répression du génocide.

L’excavation de fosses communes atteste de l’ampleur et de la systématisation de ces crimes. Malgré ces éléments tangibles, aucune instance internationale n’a jusqu’à présent reconnu officiellement ce génocide, contrairement à d’autres tragédies similaires dans la région des Grands Lacs africains.

« Un peuple qui pleure dans le silence n’est jamais en paix »


L’urgence de cette reconnaissance dépasse la simple dimension mémorielle. « Un peuple qui pleure ses morts dans le silence n’est jamais en paix », souligne l’ambassadeur Maniratanga, qui appelle à la création d’un espace de mémoire à l’Organisation des Nations Unies (ONU) . Cette démarche vise à honorer la mémoire des victimes tout en ouvrant « un chemin vers la réconciliation ».


Les familles des victimes, qui ne cessent de réclamer cette reconnaissance légale, soutiennent activement cette initiative diplomatique. Le parlement burundais a déjà franchi le pas en reconnaissant officiellement ce génocide, mais l’étape internationale reste cruciale pour la légitimité de cette reconnaissance.

Une stratégie diplomatique coordonnée


La synchronisation entre les interventions de la Commission Vérité et Réconciliation et de l’ambassade témoigne d’une stratégie diplomatique mûrement réfléchie. L’ambassadeur Maniratanga avait déjà évoqué cette question récemment devant le Conseil de sécurité, préparant le terrain pour cette offensive diplomatique coordonnée.


Cette approche multiforme vise à inscrire durablement la question du génocide burundais de 1972-1973 à l’agenda international. Au-delà des Bahutu, ces événements tragiques ont également été marqués par des crimes contre l’humanité commis contre les Batutsi au sud du pays et les Batwa dans les provinces de Muramvya et Mwaro.


Cinquante-trois ans après les faits, le Burundi estime que « c’est trop pour rester les yeux fermés devant un tel crime ». Cette interpellation directe à la communauté internationale soulève des questions fondamentales sur la sélectivité dans la reconnaissance des génocides et l’égalité de traitement des victimes de crimes de masse.

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