Certains Burundais soulignent l’importance de sensibiliser la jeunesse afin de prévenir la répétition des crimes, en particulier le génocide de 1972-1973. Le 12 juin 2024, l’hôtel Source du Nil a accueilli une conférence thématique animée par les Commissaires de la Commission Vérité et Réconciliation (CVR), Léa Pascasie NZIGAMASABO et Maître Déo NDIKUMANA. Axée sur l’annulation et la cassation des jugements de mai 1972 par la Cour Suprême, cette rencontre a réuni divers représentants des institutions publiques et privées, des partis politiques, des associations des victimes des crises burundaises, de la société civile et des médias.
Condamnation des actes de barbarie
Les participants ont fermement condamné les actes de barbarie et les exactions extrajudiciaires qui ont plongé le pays dans un marasme indescriptible. Ils ont appelé à la non répétition de ces actes, à la réhabilitation, à la réparation et à la restitution des biens spoliés aux ayants droit. Une attention particulière a été portée à la jeunesse pour éviter qu’elle ne revive de tels événements.
Mukanya David, vice-président du parti Uprona, a insisté sur le fait que les enseignements donnés par la CVR soient accessibles à la jeunesse qui n’a pas vécu ces périodes sombres, afin de prévenir la répétition de telles atrocités au Burundi. Il a également affirmé que les personnes qui, encore aujourd’hui, souhaitent que le Burundi revive les événements de 1972-1973 nécessitent une prise en charge psycho-traumatique. En tant que témoin et victime du génocide de 1972, Mukanya a plaidé pour la paix, rappelant les pertes humaines et matérielles subies par le pays durant cette période.
Préoccupations des associations de victimes
Les associations des victimes du génocide de 1972-1973 ont exprimé leur préoccupation face à l’absence d’informations réelles transmises à la jeunesse concernant cette période tragique. En raison du faible ancrage de la culture de la lecture au Burundi, ces associations estiment que la mémoire du génocide de 1972-1973 nécessite une attention particulière pour éviter son oubli. Elles soulignent également d’autres défis qui empêchent la CVR de recueillir des informations relatives au génocide de 1972.
Parmi ces défis, on trouve le silence des individus ayant occupé des responsabilités sous le régime du Président Micombero, la réticence des victimes à revivre leurs souffrances en témoignant et le refus des personnes ayant spolié des biens de restituer ceux-ci aux ayants droit.
Recommandations pour une journée commémorative
Les participants à la conférence ont recommandé de décréter une journée commémorative en mémoire de cette période tragique afin de prévenir la répétition des erreurs du passé et de transmettre cette histoire aux générations futures. Ils craignent que cette histoire, si elle reste uniquement dans les écrits, risque de disparaître en raison de la faible culture de la lecture au Burundi. Néanmoins, ils saluent les efforts déployés par la CVR pour sensibiliser et faire connaître les événements tragiques que le Burundi a traversés.
Une démarche essentielle pour l’avenir
La conférence a mis en lumière la nécessité de préserver la mémoire collective des tragédies passées afin de construire un avenir pacifique pour le Burundi. Les efforts de sensibilisation et d’éducation sont cruciaux pour que les générations futures ne répètent pas les erreurs du passé et travaillent ensemble à la réconciliation nationale.