Le 17 juillet 2024, la commune de Rutegama, province de Muramvya a accueilli le président de la Commission Vérité et Réconciliation (CVR), Amb. Pierre Claver Ndayicariye, et le Ministère Paix et Réconciliation sous la Croix (MIPAREC). C’était une occasion pour les habitants de cette localité, en particulier les intellectuels, d’aborder les préoccupations locales, notamment les conflits fonciers et les clivages ethniques.
La réunion a permis aux habitants de Rutegama d’annoncer des dossiers pénaux, auparavant sous la responsabilité de la Commission Nationale des Terres et autres Biens (CNTB) et désormais transférés à la CVR. Les conflits fonciers demeurent un problème crucial sur les collines de Rutegama, entravant le processus de réconciliation au Burundi. Une solution durable à ce problème est jugée essentielle pour parvenir à une véritable réconciliation, tant au niveau local que national. Les enseignants et intellectuels de la commune ont exprimé un intérêt particulier pour les stratégies de la CVR face à plus de 35 000 dossiers pénaux liés aux conflits fonciers. Par ailleurs, les quotas ethniques dans la constitution burundaise, considérés par certains comme un obstacle à l’emploi, ont également été évoqués.
Une partie de la population présente à la réunion
Clivages ethniques à l’université
Les participants ayant fréquenté l’Université du Burundi ont rappelé que les rites de baptême universitaire mettaient en lumière les origines ethniques des nouveaux étudiants, influençant ainsi les relations entre eux. Masabo Philippe, directeur d’une école fondamentale à Rutegama, a souligné que ces pratiques ont longtemps limité les amitiés et les opportunités sociales entre étudiants de différentes ethnies. Même au sein de l’élite burundaise formée à l’université, les clivages ethniques restent une réalité préoccupante pour la CVR.
Défis dans le monde du travail
Les intervenants ont également déploré l’influence des critères ethniques dans le monde du travail où certaines ethnies sont favorisées au détriment des compétences. Cela nuit à l’efficacité et à l’équité dans l’obtention des meilleurs résultats professionnels. Malgré ces défis, les participants estiment qu’il sera difficile d’atteindre un Burundi exempt d’inégalités et de discriminations.
Masabo Philippe: «Les pratiques divisionnistes ont limité les amitiés et les opportunités sociales entre étudiants suite aux rites de baptême à l’Université du Burundi »
Appel à la réconciliation
Le président de la CVR, Amb. Pierre Claver NDAYICARIYE, a reconnu que la question de l’ethnicité continue de susciter des débats au sein de la société burundaise. Il a souligné que chacun doit contribuer à la recherche de solutions, car le Burundi appartient à tous. Concernant la restitution des biens, il leur a demandé de faire preuve de patience et de compréhension (mutuelle) car, disait-il , la guérison des blessures est un processus qui nécessite une amélioration continue. NDAYICARIYE a rappelé que l’ethnie ne tue pas, mais que ce sont les gens qui tuent, insistant sur la responsabilité personnelle dans les crimes commis. Il a exhorté les Burundais à s’engager dans un processus de réconciliation pour un avenir pacifié et harmonieux.
Amb. Pierre Claver Ndayicariye: «L’ethnie ne tue pas ! Ce sont les gens qui tuent »
La rencontre à Rutegama a révélé l’ampleur des défis auxquels le Burundi est confronté, mais aussi l’espoir d’une réconciliation durable. La route vers un Burundi apaisé est longue, mais la détermination de ses habitants et de ses dirigeants à surmonter les divisions ethniques et les conflits fonciers est un pas crucial vers la paix.
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