Le 12 juillet 2024, les locaux de l’École Normale Supérieure (ENS) ont accueilli une rencontre cruciale entre la Commission Vérité et Réconciliation (CVR) et la communauté estudiantine. Cet échange a permis de revenir sur des pages sombres de l’histoire du Burundi, encore méconnues ou truquées dans les manuels scolaires qui ont entrainé par conséquent des imperfections dans le système éducatif de l’histoire du pays.
Des enseignants, historiens, et professionnels des médias présents ont exprimé leurs préoccupations face à cette histoire tronquée. Ils ont plaidé pour une reconnaissance des tragédies passées notamment le génocide infligé aux Bahutu de 1972 à 1973, ainsi que les crimes contre l’humanité perpétrés contre les Batutsi et les Batwa. Ils ont souligné que l’absence de ces événements dans les cours d’histoire laisse un vide dans la conscience collective des jeunes générations.
Séance de questions et réponses
Le rôle de la CVR dans la reconnaissance des violations des droits de l’homme
Lors de cette rencontre, la CVR a informé les participants des résultats de ses enquêtes sur les violations massives des droits de l’homme au Burundi depuis l’époque coloniale. Un accent particulier a été mis sur la spoliation des biens des victimes. Les enseignants ont cherché à savoir plus sur les initiatives prises pour identifier les biens spoliés, afin que les familles des victimes puissent éventuellement en bénéficier. Les commissaires de la CVR ont souligné que la commission s’occupe soigneusement de cette question. Ils ont demandé aux plaignants de faire preuve de patience en attendant que la CVR commence à s’en occuper effectivement.
Vers une reconnaissance officielle du génocide de 1972-1973
Les échanges ont également porté sur la reconnaissance du génocide de 1972-1973 par une loi après l’approbation du parlement burundais. Les participants ont également soulevé des questions sur le sort des vestiges exhumés par la CVR mais aussi la probable implication de certains pays étrangers dans ce génocide.
Les commissaires de la CVR ont rappelé que leur mission principale est de mener des enquêtes approfondies sur les violations des droits de l’homme commises lors des différentes atrocités que le Burundi a connues. Ils ont souligné que la véritable solution aux problèmes du pays ne viendra pas des interventions étrangères, mais des Burundais eux-mêmes. Ils ont exhorté ces derniers à prendre l’initiative dans la résolution des conflits internes afin de reconstruire une nation stable.
Des commissaires de la CVR , Abbé Pascal NIYONKURU et Me Déo NDIKUMANA , répondent aux questions posées
En outre, les investigations de la CVR ont révélé que les colonisateurs, avec la complicité des missionnaires, ont joué un rôle actif dans les violations des droits de l’homme au Burundi, particulièrement pendant la période coloniale. Actuellement, les vestiges exhumés par la CVR sont entreposés dans un hangar provisoire à Gitega. Des démarches sont en cours pour améliorer leur conservation en attendant la décision finale de la part du gouvernement.
« Nous devons apprendre à nous accorder mutuellement la paix » Léa Pascasie NZIGAMASABO, Secrétaire de la CVR
Un appel à une réconciliation multidimensionnelle
La secrétaire de la CVR, Léa Pascasie NZIGAMASABO, a conclu la rencontre en appelant à une réconciliation véritable et multidimensionnelle. « Nous devons apprendre à nous accorder mutuellement la paix », a-t-elle souligné, rappelant que la réconciliation est un processus continu qui nécessite l’implication de tous.
Tweet