Kayanza : Messe à la mémoire des victimes du génocide de 1972

Kayanza : Messe à la mémoire des victimes du génocide de 1972

Vendredi le 11 février 2022, la Commission Vérité et Réconciliation (CVR) a clôturé provisoirement ses activités dans les provinces de Kayanza et Ngozi. Le bilan est de plus de 260 victimes dans la zone Banga commune Matongo province de Kayanza. A Ngozi, les fosses communes signalées n’ont pas été confirmées. Le travail de recherche se poursuit.

Willy Ntakarutimana

Nous sommes au stade de basketball situé dans la ville de Kayanza. Parmi les invités, des représentants des confessions religieuses, de l’administration, des habitants de la province de Kayanza et des curieux passants, venus en savoir davantage sur les résultats des activités de la CVR entreprises en date du 31 janvier dernier.

Au chef-lieu de la province de Ngozi, les fosses communes n’ont pas été découvertes. Pourtant, nos sources et témoignages ont indiqué que les victimes de la crise de 1972 ont été jetées dans trois endroits différents : derrière le Tribunal de grande instance et le Parquet de Ngozi, au camp militaire de Ngozi et au commissariat de Ngozi.

Le Conseiller du gouverneur de la province de Kayanza, Ndayishimiye Jean Marie Vianney ( en costume noir) a repondu présent à la messe

La CVR a mené des enquêtes et des fouilles dans les trois endroits susmentionnés. Mais, point de trace de fosse commune même si la plupart des témoignages ont dit qu’au Tribunal de grande instance de Ngozi, au moins deux maisons ont été érigées sur deux charniers qui y sont renseignés. D’autres sources nous disent qu’une église située au même endroit aurait également été construite au-dessus de fosses communes.

La CVR a également procédé à des fouilles à l’intérieur d’une maison d’habitation située juste derrière le Tribunal de grande instance et le Parquet de Ngozi. Ici, les ouvriers engagés par la CVR sont tombés sur une fosse septique.

Vérification des fosses communes dans le camps militaire de Ngozi

En ce qui concerne le camp militaire de Ngozi, les témoins nous ont dit que les restes humains auraient été exhumés et jetés lors de la construction du terrain situé dans lesdits camps. D’autres vont un peu loin en disant que lors de la construction de ce terrain, des restes humains excavés ont été brûlés dans le but d’effacer toute trace de ce génocide de 1972.

La province de Kayanza, par contre, nous a fait des surprises : 4 fosses communes recensées dans la zone Banga, commune Matongo. Ici, seules 2 ont été exhumées, selon le Révérend Clément Noé Ninziza, le Vice-président de la Commission.

Les restes humains de plus de 260 personnes exhumées dans la zone Banga commune Matongo

Certains réseaux sociaux s’étonnent de voir encore la CVR rechercher les victimes du carnage de 1972 alors que devant le Parlement, en décembre dernier, elle l’a déjà qualifié de génocide contre les Bahutu et de crime contre l’humanité contre les Batutsi et les Batwa.

Clément Noé Ninziza n’y va sur quatre chemins : « on est revenu dans ces deux provinces après les qualifications, car nous devions savoir toute la vérité sur ce qui s’est passé ».
Les Commissaires de la CVR, ayant aussi le devoir de contribuer à la réécriture de l’histoire du Burundi, le séjour dans les deux provinces était très essentiel.

On ne peut connaître et réécrire cette histoire sans mener des investigations. Sinon, la qualification a été faite sur la base d’échantillons suffisants et de faits réels découverts sur le terrain, expliquent les Commissaires.

Rév.Clément Noé Ninziza, Vice-président de la CVR

Le Vice-président de la CVR a rapporté que plus de 120 personnes ressources ayant des témoignages sur ce génocide de 1972 dans les deux provinces, ont donné leurs témoignages en plus de la recherche de fosses communes. Ainsi, sur plus de 4 fosses communes renseignées dans la zone Banga en commune Matongo, seules 2 ont été confirmées, a indiqué le numéro 2 de la CVR tout en faisant un bilan de plus de 260 victimes de 1972 exhumées.

Les confessions religieuses appellent à faire le bien et à servir le Seigneur

Le Curé de la paroisse Christ Roi de Kayanza a appelé les chrétiens à abandonner tout acte mauvais qu’ils considèrent comme la sécurité pour eux, mais plutôt à penser à servir le Seigneur. Il est parti de l’exemple du génocide de 1972 qui a laissé des traces dans beaucoup de cœurs des Barundi. Pour cela, l’Abbé Lin Ndayiragije les a alors appelés à changer de mentalité afin de penser à faire le bien.

Abbé Lin Ndayiragije, Curé de la paroisse Christ Roi de Kayanza

« Nous, tous Burundais, devons demander pardon car nous avons tous péché », a-t-il martelé. Même la Bible nous rappelle dans l’histoire de Caïn tuant son frère Abel que le premier à avoir cherché la vérité est Dieu lorsqu’il a demandé à Caïn : Où est ton frère ? L’évêque protestant Ndabarushimana Florian a à son tour demandé à Dieu de pardonner aux Burundais pour les actes commis en 1972 car ceux-ci ne pouvaient rien amener de bon au pays, autre que la malédiction.

Mgr. Ndabarushimana Florian, évêque protestant

Le représentant de la Communauté islamique du Burundi à Kayanza, Cheikh Souleymane Nyandwi a demandé au Seigneur d’épargner le Burundi de tous les maux comme il le fit à l’époque du Prophète Mahomet où deux camps s’étaient affrontés et où alors Dieu leur envoya son Messager pour calmer le conflit.

Cheikh Souleymane Nyandwi, représentant de la Communauté islamique du Burundi à Kayanza

Le Conseiller de gouverneur de la province de Kayanza a félicité la CVR pour le travail effectué dans cette province. Ndayishimiye Jean Marie Vianney a encouragé la population de cette province à toujours collaborer davantage avec la Commission pour que le reste de la vérité en sa connaissance soit révélée.

Le Conseiller de gouverneur de la province de Kayanza,Ndayishimiye Jean Marie Vianney

Pour clôturer la cérémonie, Rév. Ninziza Clément Noé a rappelé aux participants que la Vérité recherchée par la CVR n’a d’autre but que de permettre aux Burundais de se réconcilier. Une réconciliation qui ne repose pas sur des mensonges ou des revendications. La CVR souhaite que tous les Burundais connaissant la vérité sur les événements que le pays a traversés, puissent donner leurs témoignages.

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