Isare : Les familles des victimes réclament un chapitre sur le génocide de 1972 dans le cours d’histoire du Burundi

Isare : Les familles des victimes réclament un chapitre sur le génocide de 1972 dans le cours d’histoire du Burundi

Début ce lundi 14 février 2022 des activités de recherche de la vérité sur le génocide de 1972 dans les provinces de Bujumbura, Rutana, Ruyigi et Cankuzo. En mémoire des victimes et en plus des témoignages recueillis par la CVR sur le terrain, les familles des victimes demandent qu’il y ait un chapitre spécial sur le génocide de 1972 dans le cours d’histoire du Burundi afin que cet holocauste ne se reproduise plus jamais.

Willy Ntakarutimana

Dans la zone Isare, l’équipe CVR, sous la supervision du Commissaire Ngabo Léonce, a été accueillie par le Secrétaire du gouverneur, Ntukamazina Léonidas et Manirampa Vincent, le contrôleur provincial de l’état-civil. Les deux autorités locales ont confirmé à la CVR avoir contribué à la recherche de témoins oculaires de l’holocauste de 1972. La CVR mènera des investigations dans les 5 communes qui composent ladite province : Isare, Mugongomanga, Kabezi, Mutambu et Rushubi.
Avec l’appui de l’administrateur communal, Niyonkuru Gilbert, les premières recherches de fosses communes et auditions de témoins du génocide de 1972 ont été menées sur la sous-colline Nyarumpongo, colline Rushubi, commune Isare.

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Les ossements humains exhumés dans la fosse commune de Nyarumpongo

La première information qui tombe à la rédaction de la CVR mentionne au moins deux fosses communes. L’une ayant été creusée à usage sanitaire dans une bananeraie située tout près de la direction du lycée communal de Nyarumpongo. Avant 1972, cet endroit n’était qu’une forêt de cedrela, selon nos témoins. C’est vers 1972 que ce domaine public fut transformé en forêt d’eucalyptus.

Toujours en 1972, c’est à Nyarumpongo que se trouvait le bureau de la province de Bujumbura (deux bâtiments actuellement éventrés), ainsi que le tribunal de résidence. Ce dernier est toujours en activité au même endroit. Nyarumpongo est juste en amont de la rivière et du centre « Ku mucungwe ». La rivière Mukonko étant la source de la rivière Ntahangwa qui se jette dans le lac Tanganyika.

Les élèves Bahutu du lycée de Kivoga sont les premières victimes


Les premiers témoignages parlent de lycéens de Kivoga, fuyant la chasse aux élèves bahutu. Ceux-ci sont tombés entre les mains du Commissaire d’arrondissement Isare, Barandagie Balthazar. Ces jeunes ont été arrêtés par les JRR du parti Uprona sur l’axe Bujumbura-Muramvya alors qu’ils rentraient sur leurs collines natales. Ils ont ensuite été embarqués dans une voiture VW de type COMBI, puis immédiatement conduits au cachot de Nyarumpongo, un cachot métallique, selon nos témoins.

Ces élèves, tués dans la nuit en criant au secours, ont été les premiers à être jetés dans une fosse creusée tout près du cachot, 4 mois avant le déclenchement du génocide. Les détenus qui avaient creusé ladite fosse, avaient été dits qu’elle servirait de toilette. Ils commencèrent à implorer le pardon du Seigneur en voyant que les seconds candidats à la mort étaient eux-mêmes. Le nombre estimé d’élèves qui ont été jetés dans cette fosse commune se situe entre 15 et 32, comme nous l’ont dit nos témoins.

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Un crâne exhumé dans la fosse commune de Nyarumpongo

Cette fosse commune mesure au moins 3 mètres de profondeur, selon les prisonniers qui l’ont creusée. D’autres sources concordantes affirment que le reste des Bahutu tués au cours de cette période provenaient des collines frontalières avec Nyarumpongo, entre autres les zones de Kanyosha et Mugongomanga. D’autres venaient des collines : Caranga, Nyarukere, Burimba et Sagara de la zone Rushubi et Kibuye.


Après avoir exterminé tous les Bahutu de cette localité, la chasse s’est poursuivie pour les intellectuels Bahutu résidant sur d’autres collines. Les personnes ciblées étaient en grande partie des personnes fortunées et des intellectuels.

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Des ossements humains exhumés dans la fosse commune de Nyarumpongo

Et suite à cette tuerie, les habitants de l’Isare voient que les événements de 1972 ne peuvent passer inaperçus alors qu’ils ont épargné la vie de nombreuses victimes. En mémoire des victimes, ces habitants demandent à l’Etat d’élaborer un programme d’enseignement incluant un chapitre sur le génocide des Bahutu dans les écoles.

A noter que la recherche de fosses communes s’est poursuivie dans le secteur Nyarukere où une fosse commune a été confirmée, alors qu’à Nyarumpongo, plus de 5 fosses avaient déjà été vérifiées lundi après-midi. Et la fosse commune de Nyarumpongo a également été confirmée. Le travail qui reste est de procéder à l’exhumation de ces deux fosses communes ; a conclu Abbé Niyonkuru Pascal, ayant dans ses attributions, la sous-commission chargée des exhumations dans la Commission.

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