Des voix s’élèvent pour accélérer et approfondir le processus de réconciliation au Burundi

Des voix s’élèvent pour accélérer et approfondir le processus de réconciliation au Burundi

Spread the love

Des progrès tangibles ont été accomplis dans le processus de réconciliation nationale, comme l’a souligné le pasteur Elie Nahimana, commissaire de la Commission Vérité et Réconciliation . Le gouvernement burundais a déjà posé les bases d’une société plus inclusive grâce à l’intégration des forces de défense et de sécurité et la mise en place d’un parlement représentatif. Ces initiatives témoignent d’une volonté politique de surmonter les divisions du passé et d’avancer vers un avenir plus harmonieux.

« Des progrès tangibles ont été accomplis dans le processus de réconciliation nationale. »
— Pasteur Elie Nahimana

La projection d’un film documentaire sur les abus commis contre les femmes durant le génocide de 1972-1973 a rappelé avec force l’importance de reconnaître les tragédies passées pour construire un avenir meilleur. Cette démarche de vérité constitue le fondement sur lequel le processus de réconciliation peut véritablement s’édifier.

Justice équitable : condition sine qua non de la réconciliation

«Nous devons éviter de reproduire les actions qui risquent de ramener le mal dans notre pays,» a déclaré Jean Claude Karerwa Ndenzako, Chef de Bureau chargé des Affaires Socioculturelles à la Présidence de la République du Burundi, dans une intervention qui a marqué les esprits. Il a invoqué la sagesse traditionnelle burundaise à travers l’expression kirundi : « Harabaye ntihakabe, hapfa imbwa n’imbeba, hakira umwami n’ingoma » (ce qui s’est passé ne doit plus se reproduire) pour éviter de revivre le mal vécu, selon ce Conseiller à la Présidence.

Pour Karerwa Ndenzako, la réconciliation ne peut être dissociée de la justice équitable. « Aussi longtemps que les droits des personnes resteront confisqués, ces personnes finiront par se lever et revendiquer leurs droits » , a-t-il affirmé. Cette justice ne doit pas être limitée aux tribunaux, mais doit imprégner tous les aspects de la société burundaise, du foyer familial aux plus hautes institutions de l’État, a poursuivi le conseiller présidentiel.

L’héritage culturel comme pilier de la paix

Le processus de réconciliation fait face à un défi majeur : la déculturation de la société burundaise. Selon Karerwa Ndenzako, l’érosion des valeurs culturelles traditionnelles constitue un obstacle significatif à la cohésion sociale. « Les Burundais d’autrefois ne s’entretuaient pas car ils respectaient les mœurs et la culture du pays », a-t-il rappelé.

« Nous devons éviter de reproduire les actions qui risquent de ramener le mal dans notre pays. »
— Jean Claude Karerwa Ndenzako

La réintégration des valeurs culturelles positives dans l’éducation, de la maternelle à l’université, ainsi que dans le système judiciaire, apparaît comme une nécessité pour reconstruire le tissu social, a souligné le représentant de la Présidence. Cette approche permettrait de renouer avec une tradition de respect mutuel et de résolution pacifique des conflits qui faisait jadis la force de la société burundaise.

Des appels à l’action plus concrète se font entendre de toutes parts

L’ancien président de la République du Burundi, Sylvestre Ntibantunganya a plaidé pour l’adoption d’une législation réprimant le génocide afin de combattre le négationnisme. « Ils se croient comme les maîtres du monde et restent libres alors qu’ils ont commis des exactions judiciaires », a-t-il déploré, pointant du doigt à l’impunité dont jouissent encore certains responsables de crimes graves.

« Les négationnistes du génocide se croient maîtres du monde. »
— Président Sylvestre Ntibantunganya

De son côté, l’Abbé Lambert Iriyazimana, enseignant universitaire, a appelé à un changement de stratégie de la Commission Vérité et Réconciliation . « Malgré les rapports soumis au parlement et les nombreuses recommandations formulées, il est grand temps que la Commission change des stratégies de travail afin d’arriver à un autre point et dans les brefs délais », a insisté le prélat.

La vérité comme pilier « inkingi » et la réconciliation comme objectif

Telle est la vision avancée par l’Ambassadeur Pierre Claver Ndayicariye, président de la Commission Vérité et Réconciliation . « Les burundais doivent comprendre pourquoi le thème : « Vérité et réconciliation » , a-t-il expliqué. Entre ces deux pôles s’inscrivent de nombreuses étapes essentielles: réparation, compensation, indemnisation, restitution et réhabilitation des victimes,…, selon le président de la Commission.

« La réconciliation véritable exige un engagement profond à tous les niveaux de la société. »
— Ambassadeur Pierre Claver Ndayicariye

« Les monuments commémoratifs, bien que symboliquement importants, ne suffisent pas. Un travail qui coûte moins cher mais qui n’est pas encore compréhensif parce qu’il y a encore un travail d’effort, au niveau communautaire, au niveau individuel et au niveau des institutions que l’on n’a pas encore abouti », a conclu l’Amb. Ndayicariye.

La réconciliation véritable exige un engagement profond à tous les niveaux de la société. C’est seulement par cet effort collectif que le Burundi pourra transcender les blessures du passé et construire un avenir où la paix et la justice ne seront plus des aspirations, mais une réalité quotidienne pour tous les Burundais.

Actualités Bujumbura-Mairie