Une délégation de la Commission Vérité et Réconciliation (CVR) du Burundi, conduite par son président, l’Ambassadeur Pierre Claver Ndayicariye, a séjourné à Paris du 22 au 29 janvier 2025. Cette mission visait à partager les avancées des enquêtes menées sur les atrocités ayant marqué le Burundi depuis la période coloniale et à recueillir les témoignages des victimes et des rescapés.
Dès son arrivée, la délégation a mené un travail approfondi au siège de l’Ambassade du Burundi en France. L’un des moments forts de cette mission a été la présentation des résultats des enquêtes menées par la Commission Vérité et Réconciliation . Le 25 janvier 2025, une conférence a permis d’exposer, à travers une présentation PowerPoint, les points saillants des différentes périodes de crise qu’a connues le pays. Cette restitution a été illustrée par des archives portant sur les maisons spoliées, les biens confisqués et les comptes bancaires bloqués durant le génocide de 1972-1973.
La délégation de la Commission Vérité et Réconciliation auditionne l’Ambassadeur du Burundi en France.

L’événement a également été marqué par la projection de deux documentaires réalisés par la Commission Vérité et Réconciliation . Le premier retrace les actes du génocide commis en 1972-1973, tandis que le second met en lumière les violences subies par certaines femmes durant cette période sombre de l’histoire burundaise.
Écoute et réactions de la communauté burundaise
Les échanges avec la diaspora burundaise ont été particulièrement intenses et chargés d’émotions. L’Ambassadeur du Burundi en France, Son Excellence Isaïe Kubwayo, a souligné l’importance de ces images comme outil de guérison des mémoires blessées. « Ces documents révèlent les profondes cicatrices de notre histoire, mais ils constituent également un début de thérapie pour ceux qui ont perdu leurs proches », a-t-il affirmé.

Séance de questions-réponses
Parmi les interventions marquantes, Jean Léonard Ndayishimiye a soulevé la question du sort des biens des familles massacrées durant cette période tragique. De son côté, Claudine Mukizwa, orpheline du génocide de 1972-1973, a plaidé pour l’instauration d’une journée nationale de deuil afin d’honorer la mémoire des victimes.
Un message fort à l’Unesco et à l’Union Africaine
Au cours de son séjour, la délégation de la Commission Vérité et Réconciliation a été reçue au siège de l’Unesco à Paris par Mohamed Elfarnawany, Directeur de la coordination de la priorité Afrique. L’Ambassadeur Pierre Claver Ndayicariye a présenté le mandat et les missions de la Commission , insistant sur la nécessité de qualifier officiellement les crimes commis, en particulier le génocide de 1972-1973.
La délégation de la Commission Vérité et Réconciliation est accueillie au siège de l’UNESCO à Paris.

Évoquant les conflits contemporains, tels que ceux du Soudan du Sud et de Gaza, Mohamed Elfarnawany, Directeur de la coordination de la priorité Afrique a mis en exergue l’urgence d’une réaction face à la vérité historique. Il a également plaidé pour une reconnaissance internationale des événements ayant marqué le Burundi, souhaitant que ce sujet soit abordé dans le cadre de l’année 2025, dédiée à la justice et à la réparation par l’Union Africaine.
Une vérité à construire pour les générations futures
« La patience face à la douleur que nous traînons depuis plusieurs années est difficile, mais nécessaire », a conclu le Président de la Commission Vérité et Réconciliation . Il a insisté sur l’urgence de libérer les nouvelles générations du poids des traumatismes passés afin de leur offrir un avenir apaisé et tourné vers la réconciliation.

Le Président de la Commission Vérité et Réconciliation réponds aux questions
Cette mission à Paris marque ainsi une étape clé dans le processus de réconciliation nationale au Burundi. Il reste désormais à observer comment les recommandations et demandes formulées au cours de cette visite seront prises en compte tant au niveau national qu’international.