La nomination de Pierre Ngendandumwe intervient après la révocation du gouvernement Nyamoya annoncée le 7 janvier 1965 par la déclaration radiodiffusée du roi Mwambutsa IV Bangiricenge. Le lendemain, le nouveau premier ministre prononce vendredi le 8 janvier sur les mêmes antennes de Radio Burundi son discours programme axé sur « la paix et le pain pour tous les Burundais ». Mais son mandat s’annonce difficile car la situation interne et externe du Burundi est difficile. Un assassinat politico-ethnique vient d’avoir lieu il y a à peine trois semaines. Il a emporté le premier évêque catholique d’origine hutu récemment nommé par le Pape Paul VI. Il s’agit de Mgr Gabriel Gihimbare tué le 13 décembre 1964. Sur le plan international, le Burundi est tiraillé entre les deux blocs : l’Est communiste et l’Ouest capitaliste. Les lignes de faîtes de la diplomatie burundaise affichent plutôt un « non-alignement positif ». Un assassinat qui plonge tout le monde dans la torpeur.
Pierre Ngendandumwe est assassiné le 15 janvier 1965. Le matin du même jour, il avait annoncé la composition de son gouvernement. C’est le ministre de l’information Amédée Kabugubugu qui annonce la terrible nouvelle à la Radio : « le Premier ministre est tombé sous les balles d’un ignoble assassin dans les mêmes conditions que le Prince Louis Rwagasore ».
Ironie du sort, Ngendandumwe venait de rendre visite à son épouse à la Clinique Prince Louis Rwagasore qui venait de mettre au monde son dernier enfant, une fille née cinq jours auparavant. Le ministre Kabugubugu sur les antennes de la radio terminait l’annonce funèbre en disant : « nous espérons que justice sera faite ».
Contexte de l’assassinat
Jeudi le 7 janvier, le roi Mwambutsa avait révoqué le gouvernement Nyamoya, ouvrant ainsi une crise politique. Des rumeurs répandues dans la ville de Bujumbura laissaient prévoir la chute du gouvernement. Un nouveau premier ministre était attendu sur un programme de « paix et union, développement économique, réconciliation, neutralité positive et non engagement ». Ce sont les principaux axes sur lesquels Ngendandumwe annonçait qu’il engageait le Burundi.
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Le 15 janvier 1965, Pierre Ngendandumwe, Premier ministre du Burundi, est abattu à Bujumbura, alors qu’il sort d’un hôpital où il était allé rendre visite à sa femme qui venait d’accoucher.
Son gouvernement annoncé à midi du15 janvier comprenait un certain nombre de ministres du gouvernement sortant : Rémy Nsengiyumva aux finances et économie, Henri Ruramusura à l’élevage et agriculture et André Baredetse aux travaux publics.
Le soir du 15 janvier, alors qu’il venait de rendre visite à sa femme qui venait d’accoucher, le meurtrier lui tire 6 coups de fusils dans le dos. C’est un assassinat qui frappa tout le pays de stupéfaction.
Gestion de la crise
Le samedi 16 et dimanche 17 janvier 1965 sont proclamés jours de deuil national. Les ministères et les services publics mettent en berne les drapeaux. La population est invitée à venir à la Clinique rendre un dernier hommage devant la dépouille mortelle du premier ministre défunt.
Entretemps, des mesures diverses sont prises. Le roi Mwambutsa recommande le calme à la population comme lors de l’assassinat de son fils le Premier ministre Louis Rwagasore 4 ans auparavant. Il conclut son propos en disant : « Ayez confiance à la justice qui ne manquera pas de châtier les auteurs et les promoteurs qui viennent de nous enlever un fils bien-aimé du Burundi et d’avenir ».
Le même 16 janvier un Arrêté royal est promulgué suspendant de ses fonctions Pascal Magenge comme Secrétaire d’Etat à la gendarmerie. Celui-ci est remplacé par Antoine Serukwavu. Dans le même temps, un Arrêté du ministère de la justice annule les décisions agréant les représentants légaux de la Jeunesse Nationaliste Rwagasore JNR et du Front des Travailleurs Barundi FTB. Par la même occasion les activités de ces deux organisations sont temporairement interdites au Burundi.
Les premières arrestations
Cependant les services de sécurité ne restent pas inactifs. Dans la nuit du crime tout le Quartier Asiatique est bouclé par la troupe. Un certain nombre d’inculpés sont arrêtés : Augustin Ntamagara Président du FTB, François Bangemu Président de la JNR, Prime Niyongabo et Zénon Nicayenzi ex Directeur de Cabinet du premier ministre sortant Albin Nyamoya.
Samedi le 16 janvier le bouclage du Quartier Asiatique et de la ville de Bujumbura se poursuit. Un couvre-feu est proclamé de 21 heures à 5 heures du matin. D’autres arrestations sont opérées : Pierre Ngunzu ministre sortant de la justice qui venait de bénéficier du portefeuille des Télécommunications dans la nouvelle équipe gouvernementale, Albin Nyamoya ex-premier ministre et Jean Kayabu.
Hommages posthumes
C’est le Vice-premier ministre Dr Pie Masumbuko qui intervient à la radio pour rendre hommage au Premier ministre défunt Pierre Ngendandumwe. Il finit ses propos ainsi : « Que Dieu aide notre Roi à sauver la patrie d’une guerre civile ».
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Samedi le 16 janvier le bouclage du Quartier Asiatique et de la ville de Bujumbura se poursuit. Un couvre-feu est proclamé de 21 heures à 5 heures du matin. D’autres arrestations sont opérées : Pierre Ngunzu ministre sortant de la justice qui venait de bénéficier du portefeuille des Télécommunications dans la nouvelle équipe gouvernementale, Albin Nyamoya ex-premier ministre et Jean Kayabu.
Hommages posthumes
C’est le Vice-premier ministre Dr Pie Masubuko qui intervient à la radio pour rendre hommage au Premier ministre défunt Pierre Ngendandumwe. Il finit ses propos ainsi : « Que Dieu aide notre Roi à sauver la patrie d’une guerre civile ».
De nouveaux développements
Le 19 janvier des faits nouveaux et importants interviennent dans l’enquête. On apprend de source officielle l’arrestation du meurtrier : Gonzalves Muyenzi, d’origine rwandaise qui reconnait avoir commis le crime en tirant sur le premier ministre avec une arme de gros calibre.
Le même jour les forces de l’ordre procèdent à de nouvelles arrestations. Celles des députés Michel Ndenzako et Valentin Bankumuhari, Charles Semahuna Secrétaire permanent du FTB, Mathias Rwamo gouverneur de la province de Bubanza, André Matabura premier substitut du procureur du Roi, André Muyumpu directeur général des affaires étrangères sous le gouvernement sortant, Faustin Gakuba et Donat Sedanari. D’autres arrestations interviennent plus tard.