Bururi: La vérité face à l’intimidation

Bururi: La vérité face à l’intimidation

Depuis lundi 1er mars 2021, la CVR effectue la deuxième phase d’investigations et d’enquêtes dans la province de Bururi sur la crise de 1972. Les activités se poursuivent normalement malgré certains cas d’individus cités par des familles des victimes comme leurs bourreaux, qui tentent de mettre les bâtons dans les roues de la Commission. Heureusement que ce sont des cas isolés de personnes mal intentionnées qui gagneraient à ce que certaines vérités ne soient pas dites. Ce sont ceux-là mêmes qui manœuvrent pour intimider les témoins de ne pas se confier à la Commission.

Dans la commune de Rutovu, une fosse commune a été fouillée à la colline Munyinya, zone Muzenga. Le nombre de victimes exhumées est de 48 personnes, affirme Pasteur Elie Nahimana, Commissaire à la CVR et responsable de l’une des équipes d’exhumation. Il félicite le témoin qui avait fourni des informations sur cette fosse commune située dans un buisson à 7 km de la route Rutovu-Matana.

Ce témoin avait déjà informés que la fosse commune contient 48 personnes. Selon les informations recueillies sur place, ces victimes sont en grande partie des bahutu arrêtés sur les collines Kivubo, Munyinya et Sanzu. Cependant, les équipes chargées de l’audition des témoins de la crise de 1972 dans cette commune observent des gens qui veulent que la vérité ne soit pas révélée. Ce sont des individus qui tentent d’empêcher les témoins de montrer des fosses communes ou de témoigner, a déploré le Commissaire Goreth Bigirimana, chef d’une équipe chargée des auditions en commune Rutovu.

Les écoles ont été ciblées lors de la crise de 1972


La CVR a visité le Lycée Saint Thomas d’Aquin de Rutovu. L’établissement était une Ecole Normale en 1972 formant des enseignants de niveau D7. Dans ses enquêtes, la Commission a découvert que des élèves de cet établissement ont été enlevés et portés disparus lors des événements de 1972. Une situation similaire s’est passée à l’Ecole primaire de Mutangaro, zone Muzenga, commune Rutovu. Des témoins oculaires affirment que des enfants et des enseignants bahutu ont été enlevés par des militaires.

Dans la commune Matana, les écoliers qui ont échappé de justesse aux menaces de mort durant la même crise dans les écoles primaires de Rubanga, Butwe et Matana, ont pu poursuivre leurs études à l’école primaire de Bitezi, une école protestante en 1974. Mais, à la fin de l’année scolaire, ces jeunes ont été informés que l’établissement n’est pas reconnu. Et ceux qui étaient entrés en 7ème année préparatoire ont du retourner en 5ème année du primaire, après un an d’études, soit un recul sec de deux années d’études.

Des maisons construites sur les restes humains
Les activités de recherche de la vérité en cours sur la crise de 1972 dans la province Bururi ont également eu lieu dans la commune Mugamba. L’ancien bureau de la zone Vyuya, une maison qui avait appartenue aux colons, était devenu un centre de rassemblement des victimes. Ligotées et passées à tabac, celles-ci étaient massacrées et jetées dans une propriété située à moins de 2 km en bas de ce bâtiment. Actuellement, la propriété foncière abrite des maisons d’habitation, un Centre de Santé et l’Ecole technique de Vyuya. Tous ces bâtiments sont construits sur des restes humains, selon les témoins de la CVR.

Toujours à Mugamba, la Commission a été informé de l’existence d’une fosse commune dans le marais de Gikanyi, sous-colline Kariba, en zone Vyuya. Mais les restes humains ont été emportés par les eaux de ruissellement. Et tout près de cet endroit se trouveraient trois tombes. Un témoin ne confirme totalement pas leur existence compte tenu du nombre d’années qui se sont écoulées et de la forêt environnante.

En plus des restes humains de 48 personnes exhumées à Munyinya dans la commune Rutovu, 167 autres victimes de la crise de 1972 ont été retirées d’autres fosses communes de la commune Songa, colline Muheka, sous-colline Taba, précisément dans la localité de Rukoma. 109 autres victimes avaient été exhumées dans la même commune lors de la première phase.

Même si les activités se déroulent bien en province Bururi, les Commissaires, les Cadres et les Agents de la CVR font toujours face à des individus qui veulent empêcher les témoins de se confier à la Commission. Lors de la réunion de présentation et de validation du Plan d’actions de la CVR pour l’année 2021, qui s’est tenue samedi à Buta, dans la commune Bururi, le Vice-président de la CVR, Clément Noé Ninziza en a appelé à la collaboration avec les forces de l’ordre et l’administration pour faciliter le travail de la CVR.

Il est à noter que la CVR a déjà entamé la procédure de rencontre avec plusieurs personnalités évoquées lors de la crise de 1972. Certains parmi eux comme Fumberi Henri, ancien administrateur de la commune de Matana, ainsi que Mufumberi Antoine, ancien juge de Matana pendant cette période se sont spontanément confiés à la Commission et lui ont révélé plusieurs informations relatives à la genèse, au déroulement et aux conséquences de la crise de 1972.

Willy NTAKARUTIMANA

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