La capitale politique a accueilli un atelier organisé par la Commission Vérité et Réconciliation (CVR) autour du thème : « Pardon, Réparation et Réconciliation ». Des experts ont partagé leurs réflexions et appelé à un engagement collectif pour avancer vers une réconciliation durable.
Mercredi 6 juin 2024 et jeudi 7 juin 2024, la Commission Vérité et Réconciliation (CVR) a organisé un atelier de deux jours de réflexion sur ces trois sujets qui tiennent à cœur des familles des victimes des différentes crises qu’a connues le Burundi. Cet atelier, qui s’est tenu au Grand Séminaire Saint Jean-Paul II à Songa, a vu l’implication de deux experts Sylvère Ntakarutimana, historien et professeur d’université, et Patrick Hajayandi, politologue, invités par la CVR pour animer ces deux thèmes.
Des participants diversifiés et engagés
L’atelier a rassemblé une diversité de participants en plus des Commissaires et des cadres de la CVR: des administrateurs communaux, des représentants des partis politiques, des représentants des confessions religieuses, des représentants des corps de défense et de sécurité, des membres de la société civile et des journalistes. Cette diversité a permis des échanges riches et variés, chacun apportant son point de vue et ses expériences pour nourrir la réflexion collective.
Le pardon : un processus intérieur
Selon Sylvère Ntakarutimana, la CVR a encore un grand travail à accomplir, un travail qui nécessite de la prière et de la patience. Il a insisté sur le fait que le pardon ne peut être imposé par décret, même s’il peut être facilité par un processus politique. Déplorant les discours haineux qui circulent souvent sur les réseaux sociaux, il a appelé à la vigilance pour ne pas entraver le processus de pardon, craignant que les mêmes causes ne produisent les mêmes effets. Pour lui, le pardon est avant tout un processus intérieur et une démarche individuelle, chaque personne devant faire preuve de conscience pour avancer. Il a également souligné l’importance du rôle de l’État, notamment en raison des difficultés à identifier les bourreaux et les simples auteurs présumés. « Nous devons tous être engagés dans ce processus », a-t-il insisté.
Les prérequis de la réconciliation
Les participants ont exprimé que pour parvenir à une réconciliation effective, les Burundais doivent faire preuve de patriotisme, s’aimer comme des frères et sœurs et ne pas se laisser manipuler par ceux qui ne souhaitent pas la paix et la sécurité du pays. Certains ont estimé que, avant de penser au processus de demande et d’octroi du pardon, la restitution des biens spoliés aux familles des victimes doit être prise en compte. D’autres ont vu dans la révélation progressive de la vérité longtemps cachée un grand pas vers la guérison des mémoires blessées et un progrès important dans le processus de réconciliation.
Le rôle crucial de l’État
L’expert Patrick Hajayandi a expliqué que parfois l’État peut s’engager dans le processus de réparation ou mettre en place une commission indépendante pour réaliser cette mission. D’où la nécessité d’une volonté politique pour favoriser cette démarche. Sinon, le processus de réparation devient très difficile. Selon ce politologue, le rôle de l’État est essentiel. Le principe de réparation repose sur cinq catégories : la restitution, la compensation, la réhabilitation, la satisfaction et la garantie de non répétition.
Des travaux en équipes pour réfléchir sur une réconciliation effective
Des travaux en équipes ont également été menés au cours de cet atelier, permettant ainsi à la CVR de collecter des informations précieuses pour le processus de demande et d’octroi du pardon en vue d’une réconciliation effective. Les commissaires de la CVR ont exprimé leur souhait que ce type d’activité ait lieu dans d’autres provinces du pays, soulignant l’importance de l’engagement de tous pour construire une paix durable et une société réconciliée.
Cet atelier a marqué une étape significative dans le processus de réconciliation au Burundi. En réunissant divers acteurs et en abordant des thèmes essentiels, il a permis d’avancer vers une compréhension commune et un engagement collectif pour le pardon et la réparation des familles des victimes. Les échanges et les réflexions partagés à Gitega constituent une base solide pour les futurs efforts de la CVR et de l’ensemble des Burundais dans la quête de la paix et de la réconciliation.