Le lycée de Rugari se trouve dans la commune et province de Muyinga. C’est un établissement scolaire secondaire qui a été touché par la crise de 1972. La disparition des enseignants de cette école a laissé des traces encore vivaces dans le milieu intellectuel de cet environnement. La CVR y a mené des enquêtes.
Au cours de l’année 1972, avec le début de la crise, des enseignants et des élèves saluant le drapeau très tôt le matin, voient la cour intérieure de leur établissement envahie par des militaires arrivés dans une voiture de type Land Rover. Dans cette voiture, Basabose Stanislas, l’administrateur communal de Giteranyi.
Pierre Rumbizi était le Directeur de l’Ecole Moyenne Pédagogique de Rugari, l’actuel lycée de Rugari. L’école était entre les mains de la Congrégation des Frères de la Miséricorde. C’est lui seul qui a été arrêté ce jour-là, selon les témoins oculaires qui étaient à cet établissement.
Au bout de deux semaines, la même situation s’est reproduite. Les militaires sont revenus et ont arrêté au moins 5 enseignants ainsi que des religieux de la congrégation. Les témoins interrogés par la CVR se souviennent notamment d’un certain Joseph Maganya, de Macumi, et de Sibomana qui enseignait en 5ème année. Les seules personnes qui sont restées dans cette école sont le nouveau Directeur , Mirenzo Melchiade et deux enseignants.
Ces enlèvements n’ont jamais cessé au cours de l’année 1972, car au bout d’un mois, d’autres enseignants comme Emmanuel Ndabirinde et Kigozi ont été aussi kidnappés alors qu’ils circulaient au marché de Rugari alors que tout le monde pensait que les enlèvements étaient déjà terminés.
Un prêtre et des frères également kidnappés
La crise de 1972 n’a pas laissé de côté les religieux de l’Ecole secondaire de Rugari en plus de ceux de la paroisse. Nos témoins parlent du curé nommé Astère Hakizimana ainsi que des Frères membres de la Congrégation « Notre Dame de la Miséricorde » qui étaient à cette école.
Tous ont été enlevés par des militaires en connivence avec l’autorité administrative de l’époque, déplore N.G. Cette situation a créé un sentiment d’extrémisme et des divisions entre élèves bahutu et batutsi.
Ainsi, les enfants bahutu étaient forcés de nettoyer les bancs pupitres. Sinon, ils étaient renvoyés de l’école pour revenir avec un parent. Et dans ce cas, ces parents étaient ensuite envoyés dans des champs des batutsi pour exploiter leurs terres, une forme d’exploitation de l’homme par l’homme, selon ces témoins.
Les mêmes sources terminent en disant qu’en classe, il y avait des élèves qui ont réussi les cours ou des concours d’avancement de classe mais qui n’ont pas été autorisés à monter de classe ou qui n’ont pas eu de certificats. Leurs points ont été attribués à des enfants batutsi.
Willy Ntakarutimana