Muramvya : une fosse commune découverte dans la plantation de la prison

Muramvya : une fosse commune découverte dans la plantation de la prison

Mardi, le 31 octobre 2023, une équipe de la CVR a procédé à l’exhumation d’une nouvelle fosse commune contenant les ossements humains de 6 personnes victimes du génocide de 1972. Les enquêtes menées par la CVR ont révélé que la prison centrale de Muramvya était le centre d’accueil et de carnage des victimes Bahutu arrêtées dans cette province et de sa circonscription de Mwaro, devenue plus tard une province. 9 fosses communes ont déjà été exhumées dans cette localité, nommée « Rwasazi », ou le lieu où règnent des mouches, en kirundi.

La présence de nombreuses mouches à cet endroit était liée aux odeurs nauséabondes dégagées par les corps humains en décomposition des personnes tuées dans la prison durant cette période, comme l’ont raconté des témoins. Les prisonniers qui ont creusé ces fosses communes n’atteignaient pas de grandes profondeurs et parfois certains corps étaient jetés à la surface avant de se décomposer, ont déploré nos témoins. Et d’autres ajoutent qu’il fut un temps où les gens de Muramvya ont cessé de passer près de la prison pour emprunter d’autres chemins à cause de ces odeurs.


Lors des récentes enquêtes menées par la CVR, le nom de « Rwasazi » est revenu souvent pour dire qu’ il a été créé après les événements de 1972, des tueries massives qui ont été qualifiées par la CVR de « génocide commis contre les Bahutu » et de « crimes contre l’humanité commis contre les Batutsi et les Batwa du Burundi ». Selon nos sources, les victimes arrêtées dans les communes de Bugarama, Bukeye et ailleurs étaient ensuite chargées dans des camions militaires baptisés par certains «Ngeringeri, Rubaho et Pfa Kwurira », selon les différentes provinces du pays.

Les ossements humains exhumées dans la fosse commune

Les détenus étaient injustement accusés d’être des « traîtres » ou d’appartenir au mouvement rebelle « Mayi Mulele » assoiffé de renverser le pouvoir du Président Michel Micombero. Mais en réalité, ces gens ont été victimes de leur appartenance ethnique car le pouvoir de Micombero voulait décimer les intellectuels Bahutu. Cette idée n’était qu’un rêve, car même s’il a essayé à grande échelle, il n’a pas totalement réussi, ont indiqué nos sources.

Les témoins de la CVR ont précisé que les 6 personnes qui viennent d’être exhumées feraient alors partie de ces détenus arrêtés en 1972. Ce nombre s’ajoute aux 1.055 autres victimes du génocide de 1972 déjà exhumées dans les 9 fosses communes de la province de Muramvya. Le nombre total de victimes du génocide de 1972 dans cette province en particulier, et dans l’ensemble du pays en général, reste encore inconnu car les victimes ont été massacrées différemment selon nos enquêtes.

Les autres victimes ne sont pas arrivées à la prison centrale. Nos sources affirment que les militaires les tuaient sur le coup au bord de la rivière Mubarazi. Leurs corps n’ont jamais été découverts, nous ont rassurés nos sources.

Rwasazi hébergerait aussi quelques victimes d’octobre 1965, mois de l’assassinat du Premier Ministre Pierre Ngendandumwe.

Son meurtre a été suivi d’une série d’arrestations de cadres politiques, civils et militaires Bahutu et de populations Bahutu rurales, notamment dans les communes Bukeye, à Busangana et Bugarama. Parmi les personnes arrêtées, certaines ont été détenues à la prison centrale de Muramvya, torturées, tuées et leurs corps jetés dans la forêt de Rwasazi à cette époque, ont précisé nos sources.

Les vêtements que portaient les victimes


Les enquêtes menées par la CVR ont montré que les crimes commis depuis le 19 octobre 1965 ont impliqué la machine politico-militaire représentée par le Capitaine Michel Micombero et Arthemon Simbananiye, respectivement Secrétaire d’État à l’Armée et Secrétaire d’État à la Justice au moment des faits. Ces infractions constituent des actes de génocide dans leur allure, leur intention et leur planification, a déclaré la CVR.

En plus de cela, ces crimes qui ont également touché les populations Batutsi de Busangana et de Muramvya n’ont pas non plus épargné leurs biens. Leurs maisons ont été incendiées, leurs biens pillés. La CVR a qualifié ces infractions de crimes contre l’humanité.

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