La Commission Vérité et Réconciliation (CVR) vient de clôturer une opération majeure de recensement dans six provinces du Burundi. Cette initiative sans précédent vise à documenter les atrocités commises entre 1885 et 2008, tout en établissant un inventaire des biens spoliés durant cette période troublée de l’histoire burundaise.
Dans une démarche méthodique, les équipes de la Commission Vérité et Réconciliation ont sillonné les provinces de Makamba, Rutana, Ruyigi, Muyinga, Karusi et Kirundo du 11 au 21 novembre. Cette campagne minutieusement préparée a bénéficié d’un important travail de sensibilisation préalable auprès des populations locales, avec l’appui crucial des administratifs.
Commune de Nyabikere : Séance de formation des guides collinaires sur le remplissage des fiches physiques de recensement
La parole libérée des victimes et des témoins
« Donner un témoignage sur le passé douloureux est un moyen d’apaiser les cœurs brisés », confie un habitant de la commune Nyabikere province de Karusi. Cette opération intervient à un moment où la jeune génération d’intellectuels burundais exprime un besoin pressant de clarification historique. Pour beaucoup, ce recensement représente une étape déterminante dans la réécriture d’une histoire commune et partagée.
Vers une justice réparatrice
Au-delà du décompte macabre des victimes, la Commission Vérité et Réconciliation s’est également penchée sur la question épineuse des biens spoliés. Des maisons aux têtes de bétail et l’argent saisi, l’inventaire dressé révèle l’ampleur des préjudices matériels subis. Cette documentation méticuleuse constitue une autre étape vers un processus de réhabilitation attendu depuis longtemps par les familles des victimes.
Des témoins devant le site de recensement de Maramvya à Nyabikere
Un autre point remarquable de ce recensement : l’identification des « Inkingi z’ubuntu n’amahoro », ces personnes courageuses qui ont protégé leurs voisins au péril de leur vie, apportant une lueur d’espoir dans la documentation de cette période sombre. Le président de la Commission Vérité et Réconciliation, Ambassadeur Pierre Claver NDAYICARIYE a d’ores et déjà annoncé le lancement prochain d’une phase d’évaluation de ce travail colossal, qui marque un tournant dans le processus de réconciliation nationale.