Mercredi, le 08 février 2023, la Commission Vérité et Réconciliation a présenté les résultats des enquêtes réalisées sur la vérité des crimes que le Burundi a vécue depuis la période coloniale jusqu’au génocide de 1972-1973. Les bénéficiaires de l’activité étaient les membres de la synergie des églises protestantes en mission dans la province de Gitega. La rencontre a eu lieu au chef-lieu de cette même province de Gitega. Le constat est que certaines églises connaissent encore aujourd’hui des divisions ethniques en leur sein.
Deux commissaires de la CVR se sont vus confier la mission d’animer l’activité du jour qui a commencé par le visionnage d’un film documentaire relatif aux activités CVR 2018-2022. Une présentation sur le même sujet a été faite par Révérend Clément Noé Ninziza et Léa Pascasie Nzigamasabo, respectivement Vice-Président et Secrétaire de la Commission. Les deux ont éclairé l’assistance sur les périodes sombres qu’a traversées le peuple burundais durant les années de dures épreuves et les conséquences qui s’en sont suivies.

Après la présentation, les participants ont suivi en images les témoins ayant vécu ces moments douloureux à travers ledit film. Cette séance a suscité de vives émotions. Il a fallu attendre le moment des questions et échanges pour en savoir davantage pourquoi sur ces émotions.
Ainsi, certains pasteurs ont déclaré ignorer que les colonisateurs avaient été les premiers à introduire des divisions ethniques dans le pays. D’autres participants ont exprimé des opinions contraires à celle-ci. Pour eux, avant l’arrivée des colonisateurs, les mots « Bahutu, Batutsi et Batwa » existaient dans la société burundaise.
Durant la période précoloniale, poursuivent-ils, ces mots n’étaient pas encore mentionnés dans les dictionnaires français. Comment peut-on dire que ce sont les colonisateurs qui nous ont divisés alors que ces mots étaient déjà dans la société burundaise ? se demandent ces participants.

La deuxième séance des questions-réponses
D’autres sujets qui ont retenu l’attention des participants sont, entre autres, les questions d’identification des personnes responsables de ces crimes, le sort de la dépouille mortelle du Roi Ntare V ainsi que les questions liées à l’indemnisation des familles touchées par tous ces crimes.
D’autres ont trouvé que la rencontre était finalement importante et ont déclaré qu’ils allaient être les pionniers du changement de mentalité dans leurs églises respectives afin d’éradiquer toutes les formes de divisions qui se manifestent encore aujourd’hui dans leurs confessions religieuses.
Une opportunité d’introspection
Face à ces questions, les réponses des Commissaires ont été très claires. Pour Léa Pascasie Nzigamasabo, les divisions ethniques constituent une réalité indéniable dans la société burundaise. Mais personne ne devrait avoir honte de son appartenance ethnique ou en être l’esclave. Au contraire, nous devons tous savoir que nous sommes Burundais, a expliqué Nzigamasabo. Et c’est pour cette raison que la CVR est venue à votre rencontre, a insisté le Secrétaire de la Commission.

Et comme message, vous en tant que consolateurs et hommes d’églises, comprenez d’abord que vous êtes parmi les gens qui souffrent ! Et puis prenez le temps de vous examiner. Pour elle, nous subissons les conséquences de choses dont nous ne sommes pas responsables. C’est pourquoi, dit-elle, il ne faut pas en avoir honte.
Le Vice-Président de la CVR a ajouté qu’il y a encore des gens qui acceptent ou nient l’existence de groupes ethniques au Burundi et que les questions ethniques sont encore gravées dans l’esprit de certains. Mais pour Révérend Clément Noé Ninziza, les atrocités qui se produisent actuellement n’ont pas été connues dans le passé avec la même intensité. Ce qui fait que cette question nécessite donc encore beaucoup d’attention.