Gahombo: un modèle de résistance aux divisions ethniques

Gahombo: un modèle de résistance aux divisions ethniques

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La Commission Vérité et Réconciliation poursuit méthodiquement son travail de mémoire. Après avoir couvert en novembre 2024 les provinces de Makamba, Rutana, Karusi, Muyinga, Kirundo et Ruyigi, les Commissaires et les cadres se sont déployés en décembre 2024 dans les provinces de Muramvya, Mwaro, Ngozi, Gitega et Kayanza. Cette nouvelle phase vise à documenter les atrocités commises depuis la période coloniale de 1885 jusqu’à la fin des conflits en 2008.

Dans la commune de Gahombo, l’histoire prend un tournant particulier. Si le génocide de 1972 y a laissé des cicatrices profondes, la crise de 1993 n’a pas réussi à briser le tissu social local. « Les bahutu de la zone Nzewe et les batutsi de la zone Gahombo, deux zones qui composent cette commune, ont maintenu leurs liens fraternels, poursuivant même les mariages interethniques », témoigne un ancien de la commune.

La violence rattrape la communauté en 1996

Malgré cette résistance aux divisions ethniques, Gahombo n’a pas été totalement épargnée par la violence. Bernard Nyakabwa, témoin direct, relate une attaque rebelle dévastatrice contre le bureau communal en 1996. « L’administrateur Salvator Serutara et plus de trente personnes y ont perdu la vie », raconte-t-il, la voix tremblante. Côme Habonimana ajoute que cette tragédie a été suivie d’une offensive militaire meurtrière dans la zone de Nzewe.

Pour l’administrateur actuel de Gahombo, Sylvestre Ntunzwenayo, l’urgence de ce recensement est palpable: « Nos anciens, porteurs de cette mémoire collective, s’éteignent peu à peu. Avec eux risquent de disparaître des vérités essentielles pour notre histoire commune. »

En clôturant cette phase d’enquête, l’Ambassadeur Pierre Claver Ndayicariye, Président de la Commission Vérité et Réconciliation a salué l’engagement remarquable des autorités locales. Cette collaboration étroite entre la Commission et les administratifs apparaît comme une clé essentielle dans la reconstruction du tissu social burundais, démontrant qu’il est possible de faire face au passé pour mieux construire l’avenir.

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