La qualification du génocide commis contre les Bahutu au Burundi constitue une preuve tangible exigeant une reconnaissance officielle de l’État et des mesures à l’encontre d’une partie de la population burundaise qui persiste à s’opposer aux missions de la Commission Vérité et Réconciliation (CVR). Les familles des victimes appellent l’État à sortir du silence et à prendre des mesures.
La récente réunion de la CVR avec les représentants de diverses institutions, étatiques et non étatiques, ainsi que les familles des victimes, à la veille de la 52ème commémoration du génocide commis contre les Bahutu du Burundi, suscite un certain espoir parmi ces dernières. Ce sentiment est largement partagé par les familles des victimes.
Au cours des différentes réunions organisées par la CVR, tant sur le territoire national qu’à l’étranger, des témoins oculaires ont rejoint les participants pour demander à la Commission de passer à une phase suivante après la qualification, bien que les Commissaires expliquent que la mission de la CVR consiste à enquêter et à établir la vérité sur les crimes survenus au Burundi, en leur attribuant des qualifications juridiques.
En outre, ces familles soulignent que le génocide a été suivi par d’autres violations des droits de l’homme. Elles dénoncent notamment l’appropriation illégale de biens appartenant à leurs parents et ancêtres, alors même qu’elles vivent dans une pauvreté extrême. La reconnaissance officielle du génocide par l’État est perçue comme un premier pas essentiel vers la récupération et la réhabilitation de ces biens spoliés.
Les conséquences de cette période sombre perdurent jusqu’à aujourd’hui
C’est notamment dans le secteur de l’éducation. Les élèves Bahutu qui ont survécu aux atrocités ont souvent été contraints d’abandonner leurs études. La CVR a recueilli de nombreux témoignages soulignant une forme de génocide intellectuel, avec des politiques discriminatoires telles que le redoublement forcé, affectant particulièrement les élèves Bahutu.
Ce génocide intellectuel a également eu des répercussions économiques durables sur le pays, selon les témoins, qui regrettent la disparition des actionnaires économiques et des intellectuels en 1972. Ils estiment que si ces acteurs avaient survécu, le Burundi aurait pu bénéficier d’une économie prospère et d’une contribution significative au développement national.
Face à ceux qui persistent à nier ce génocide, les familles des victimes appellent l’État à reconnaître officiellement ces événements et à prendre des mesures répressives à leur encontre, tout en lançant des initiatives de réhabilitation en faveur des familles des victimes.
Les Commissaires de la CVR appellent à la patience des familles des victimes et soulignent l’importance de dire la vérité, car la vérité, longtemps occultée, finira un jour par éclater au grand jour.
Il convient de mettre en lumière que les crimes de génocide perpétrés contre les Bahutu au Burundi ont été suivis par des crimes contre l’humanité visant les Batutsi et les Batwa du Burundi, respectivement dans les régions du sud et du centre du pays, notamment dans les provinces de Bururi, Nyanza-lac, Muramvya et Mwaro.