L’école primaire de Muramba fait partie des écoles dont les enseignants ont été portés disparus lors des atrocités de 1972. Des témoignages recueillis sur place désignent les militaires burundais et les jeunes révolutionnaires du parti Uprona comme les principaux auteurs de ces atrocités.
Willy NTAKARUTIMANA
Un jour x de mai 1972, des écoliers qui attendaient de se recréer ont vu à la cour une voiture « jeep » qui selon nos témoins appartenait à la province de Muyinga en 1972. A bord de cette voiture, Kibwa Bonaventure, le secrétaire communal du Parti Uprona accompagné de militaires lourdement armés et de jeunes révolutionnaires du parti Uprona (JRR)
Toujours selon nos témoins, Kibwa Bonaventure était également armée.
En sortant de cette voiture ; il se dirigea droit vers la classe de 5e année où enseignait Mbacekure Jean-Baptiste, lui fixant ensuite le fusil et ordonna de le suivre. Ainsi, les écoliers qui assistaient aux cours étaient tous pris de panique.
L’horaire de récréation de 10 heures a ensuite été changé en une situation de deuil pour les écoliers témoins de la façon dont leur enseignant venait d’être kidnappé devant la classe.
La même situation a été signalée en 6e année et dans d’autres classes inférieures.
Ces témoins dénombrent au moins 5 enseignants arrêtés le même jour et dans la même situation. En plus de Mbacekure Jean Baptiste, nos sources citent encore Minani Martin, également enseignant de 5e année ; Munyankure Gaspard, enseignant de 6e année; Nzakaha Philippe et Midende Côme, tous enseignants à cette école.
Ces enseignants ont tous été embarqués dans cette voiture par Kibwa Bonaventure et conduits à un endroit encore inconnu. Mais, selon ces témoins, c’est après un certain temps qu’ils ont été informés et compris que leurs enseignants avaient été tués parce qu’ils étaient Bahutu. Et la preuve, c’est que d’autres enseignants qui sont restés dans cette école n’étaient que des Batutsi et aucun d’entre eux n’avait jamais été touché.
Après leur disparition, des enseignants rwandais ont occupé leur place
Nos témoins affirment que malgré leur disparition, les écoliers ont régulièrement suivi les cours. En effet, ces enseignants ont été remplacés par d’autres enseignants rwandais résidant dans le camp de réfugiés rwandais de Nyarunazi, actuel site de Nyarunazi.
Ces Rwandais avaient fui la crise que le Rwanda a connue en 1959 et se sont exilés au Burundi. Le site de Nyarunazi est situé à quelques kilomètres du chef-lieu et du bureau communal de Buhinyuza et la zone Buhinyuza, cachot communal en 1972.
Dans les enquêtes menées par la CVR, les réfugiés rwandais du site de Nyarunazi ont activement participé au massacre des Bahutu dans les communes de Mwakiro et Buhinyuza. Loin de là, ils ont même été cités par des témoins oculaires parmi les contribuables dans l’aménagement des fosses communes dans lesquelles la CVR a exhumé les victimes de la crise de 1972.
